Je lis trop peu pour avoir un Top 10 sérieux, mais je peux affirmer avoir adoré :
- L'Écume des Jours de Boris Vian, en plus Michel Gondry est dans la post-prod' d'une adaptation. Le livre est très, très difficilement adaptable, et apparemment des adaptations ont déjà foiré, mais s'il y a un réal' qui a exactement le profil pour faire ça, c'est bien Gondry. Il y a Romain Duris dedans, et ils ont tourné quelques scènes au siège de Peugeot, où bosse mon père - il m'a un peu décrit les voitures que Peugeot a filé à la prod', ça m'a l'air fort shooté tout ça.
- Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, ne contient pas le moindre vaisseau spatial ou machine à voyager dans le temps, pas la moindre dystopie orwellienne, pas la moindre espèce venue d'ailleurs ou monde lointain, et pourtant, le roman transpire la science-fiction. L'odyssée, entièrement à travers ses notes et carnets, d'un débile mental rendu progressivement brillantissime par le traitement d'un scientifique pionnier. Un essai prodigieux sur l'intelligence, avec une résonance émotionnelle impressionnante.
- Hygiène de l'Assassin d'Amélie Nothomb. Ça, je sais que ça divise, beaucoup considérant que Nothomb a une écriture alimentaire, parfois auto-parodique et fainéante. Mais son premier roman, avec ses dialogues cinglants, sa précision, sa sécheresse, je le trouve irrésistible. Notons (hah) que j'aime la plupart des romans entièrement dialogués de Nothomb : Péplum, retournement superbement pensé de la S-F, et Cosmétique de l'Ennemi, plus facile mais vraiment prenant.
En première, j'ai lu Moderato Cantabile de Marguerite Duras, ce qui m'a assez passablement agacé, c'est la tendance nouveau-romanesque à fantasmer sur les non-événements (et que je fais exprès de rater l'occasion de ma vie juste parce que je peux, et que je fuis la société mondaine parce que je suis une grande bourgeoise mélancolique, et que je refuse les choses parce que, parce que, parce que bon.). En revanche, j'avais trouvé ses descriptions absolument fabuleuses, colorées et vivantes.
Toujours en première, Dom Juan ; j'aime bien les Molière plus traditionnels, à base de manigances entre valets et de dénouements tout joyeux ("Vous êtes mon frère !" "Vous êtes ma sœur!" "Heureusement qu'on a bien croisé les mariages, on n'est pas passés loin de faire deux couples incestueux !" ). Mais Dom Juan est particulièrement fascinant justement parce qu'il échappe à ce format usuel, et a une ambiance extraordinaire, avec cette impression constante de menace, de danger (évidemment, l'Épée de Damoclès divine au-dessus de la tête de Dom Juan). Le personnage principal est savoureusement ambigu et charismatique - un protagoniste-antagoniste du type de Charles Foster Kane, ou de son héritier spirituel, Mark Zuckerberg dans The Social Network. La fin est brillante car elle laisse tout en suspens et n'apporte presque pas de réponse autre qu'une simple résolution de la trame.
Mon prof nous l'avait fait étudier d'une façon extra, en nous montrant trois mises en scène :
- Une très académique, de Jacques Lassalle à la Comédie Française, avec un formidable Andrzej Sewerin dans le rôle titre. La fin est particulièrement bien rendue, dans ce qu'elle a de plus grandiose et impitoyable.
- Une complètement foncedé, de Daniel Mesguich, où Dom Juan a le look de Christopher Eccleston dans Doctor Who, Sganarelle sort d'une pub Kodak, et avec pas mal de nudité. Fun, fait varier les plaisirs, mais pas profondément passionnant.
- Un téléfilm dont j'ai oublié le réalisateur, avec un Piccoli ma-gi-stral - en noir et blanc, déplacé au XIXème (pourquoi pas).
Et en bonus, parce que mon prof était très cool, on est sortis voir Don Giovanni de Mozart à l'Opéra. Malheureusement, mauvaise expérience, on était mal assis, on ne voyait pas grand chose (moins de la moitié de la scène), et il faisait atrocement chaud. Et accessoirement, je suis très insensible à l'opéra. Dommage.
Oui, quand je dérape, je dérape *loin*. Désolé :-/.
Dernière édition le 3 novembre 2012 à 18:28