La nuit du 13 novembre 2015, Christelle, comme le reste du pays est sous le choc. Le lendemain, elle prend contact en ligne avec plusieurs victimes directes ou collatérales et quand l’idée de créer une association de victimes prend forme, Christelle en devient la pierre angulaire. Mais elle vit dans le mensonge.
Le 13 novembre 2015, Paris connaît une succession d’attentats qui a marqué profondément l’Histoire française. Rapidement après le drame, naît une chaîne incroyable de solidarité pour venir en aide aux victimes qui ont survécu ainsi qu’aux proches des disparus. Christelle Blandin est une quadra un peu perdue, sans emploi, qui vit toujours chez sa mère en banlieue parisienne. Fan des Eagles of Death Metal, elle a participé à chacun de leur concert, sauf celui qui a eu lieu au Bataclan, le soir du 13 novembre. Ce qui ne l’arrange guère puisqu’elle aurait eu là l’opportunité parfaite de s’attirer une attention qui lui manque cruellement. Qu’à cela ne tienne ! Elle va se faire passer pour la proche d’un des blessés plongés dans le coma avant de prétendre elle-même être une des victimes de l’attentat afin d’obtenir de l’argent du fonds d’indemnisation. Une Amie dévouée est une mini-série en quatre épisodes à suivre sur Max.
En 2018, le journaliste Alexandre Kauffman sort La Mythomane du Bataclan, un livre se concentrant sur une certaine Flo Kitty, seule salariée de l’association Life for Paris. Employée idéale, elle se fait le porte-parole du mouvement, serre les mains des élus et organise même le retour des Eagles of Death Metal à Paris. Ce que tout le monde ignore, c’est que la fameuse Flo Kitty est une arnaqueuse récidiviste et qu’elle n’a jamais été touchée de près ou de loin par l’attentat du Bataclan. Une Amie dévouée adapte librement le roman de Kauffman et retrace le parcours de Christelle (la toujours très juste Laure Calamy), le pendant télévisuel de Flo Kitty, qui commence le soir des attentats. En quelques images seulement, Just Philippot, le réalisateur, nous donne la mesure d’un personnage qui semble bloqué dans sa chambre d’adolescente, au sens propre comme figuré. Pour autant, loin d’être naïve, elle sait faire preuve de subterfuges malicieux pour partir d’un bar sans payer ou affirmer sans ciller qu’elle est une psychologue-clinicienne à l’écoute des victimes pour ne pas payer son taxi. Christelle a des limites morales et légales plutôt lâches et un mensonge toujours très crédible à dégainer. Un personnage qui va très rapidement déranger par son ambivalence, son incapacité à dire la vérité et, surtout, son aplomb absolument prodigieux.
Et si Laure Calamy parvient à insuffler de la nuance à cette héroïne particulièrement détestable – le besoin de se sentir utile pour exister aux yeux d’une société qui l’ignore – on ressent tout au long des quatre épisodes d’Une Amie dévouée l’envie irrépressible de crier aux autres personnages de se méfier de Chris. Mais comment mettre en doute la bonne volonté d’une personne ? Sa disponibilité ? Son écoute ? Au lendemain des attentats, on voit Chris véritablement affligée par les événements et c’est lorsqu’elle se propose d’être une épaule pour les victimes qu’elle va réellement se sentir « utile » comme elle l’assène à sa mère (Anne Benoît) lorsque cette dernière, excédée par les manigances passées et présentes de sa fille, la met dehors.