Périgord noir, 1557. Les guerres de Religion menacent la France. Derrière les remparts du Château de Mespech, cerné par un monde dangereux, hostile et intolérant, la famille Siorac se bat pour sa survie et ses convictions. Jean, le père est contraint de renouer avec la violence pour défendre son idéal. Isabelle, la mère se bat pour exister dans un monde où les hommes font la loi. Pierre et François, les fils, entrent brutalement dans l’âge adulte, déchirés comme leur pays entre la foi protestante de leur père et la ferveur catholique de leur mère. Il y a la vie d’une communauté, les maîtres et les serviteurs, les parents et les enfants, les épidémies, les adversaires, les batailles et les deuils, la science et les superstitions et les histoires d’amour.
En 1557, le Roi de France et l’Église Catholique persécutent et exécutent les Huguenots, les néo-convertis à la religion protestante. Alors que la famille de Siorac vit en harmonie dans le Périgord noir, à l’intérieur du Château de Mespech, elle doit repousser les émissaires du Roi qui ont des soupçons quant à la foi religieuse de la maisonnée. Jean, le patriarche, médecin et huguenot caché, doit également faire face aux injonctions de sa femme, Isabelle, catholique pratiquante depuis des générations qui voudrait qu’elle le rejoigne dans sa foi, ne serait-ce que pour éloigner le couperet qui pèse au-dessus de leur tête. Déclinée en 6 épisodes de 52 minutes diffusés sur France 2 à partir de ce soir, lundi 16 septembre, et sur france.tv, Fortune de France est une fiction historique adaptée des livres éponymes de Robert Merle.
Présentés en avant-première au Festival de La Fiction de la Rochelle 2024, dont Betaseries est partenaire, les deux premiers épisodes de Fortune de France permettent déjà de prendre la mesure des enjeux qui vont animer le destin de la famille de Siorac, les héros de cette fresque historique. Une famille profondément humaine, ouverte et cultivée, composée notamment de Jean, le père (Nicolas Duvauchelle), un médecin érudit qui doit cacher sa foi protestante alors que les envoyés du Roi suivent des ordres sans appel : éliminer tous les détracteurs du catholicisme. Et si la fiction créée par Christopher Thompson parvient à insérer çà et là des touches d’humour – grâce au personnage d’Antoine Gouy – elle a pour but de dépeindre une période noire de l’Histoire de France : les Guerres de Religion qui ont secoué le royaume pendant plusieurs décennies du 16e siècle. De nombreuses scènes sont, par ailleurs, là pour exposer, sans filtre ni édulcorant, toute la violence qui régnait alors. Bucher, attaque au couteau, femme, homme : personne n’est épargné et tout le monde est soupçonné. Une violence qui détonne profondément avec la sérénité qui règne au Château de Mespech où les « gens de maison » mangent à la table de leurs maîtres et sont traités plus que justement. Mais cette sérénité va progressivement vaciller alors qu’Isabelle (Lucie Debay) lutte intérieurement pour continuer d’accepter le protestantisme de son époux. Un choix âpre, de l’ordre de la conviction la plus intime, qui va ricocher sur leurs enfants, à leur tour, tiraillés entre les deux fois de leurs parents.
Et si Fortune de France a misé sur un réalisme parfois très cru, c’est que la série assume pleinement son caractère historique, sans chercher jamais l’anachronisme rieur. Le langage typique de l’époque, les décors, les croyances : la série de France 2 offre aux téléspectateurs une véritable plongée dans l’Histoire, aussi dure soit-elle. Appuyée par un casting solide – Gregory Fitoussi et Guillaume Gouix entre autres – cette fiction également très humaine devrait séduire sans mal les sériephiles, amateurs du genre.