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« Comme le sait parfaitement quiconque s’intéresse un tant soit peu à la vie politique française : cela fait pas mal d’années que Jean-Luc Mélenchon estime que les institutions de la Cinquième République concentrent trop de pouvoir dans les mains du président de la République, et qu’il milite par conséquent pour le passage à la Sixième République.
C’est donc de manière très cohérente qu’il a dénoncé le 1er mai dernier ce qu’il appelle « la mauvaise République ».
Si on demande à un enfant de trois ans normalement structuré ce qu’il comprend de cette dénonciation : sa réponse sera évidemment qu’elle n’est absolument pas antirépublicaine, et que si Mélenchon appelle à en finir avec la « mauvaise République », c’est au contraire, et quoi qu’on pense par ailleurs de cet attachement, parce qu’il est très profondément et très sincèrement attaché au cadre républicain, et parce qu’il souhaite donc une bonne République, où le pouvoir serait plus équitablement distribué.
Cet enfant aura donc parfaitement bien compris la signification des propos de Mélenchon.
Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et Gérald Darmanin, dont rien ne permet a priori de supposer qu’ils seraient beaucoup moins perspicaces qu’un enfant de trois ans, doivent eux aussi avoir saisi le sens de ces propos.
Mais ils ont fait comme s’ils ne l’avaient pas compris, et cela leur a permis de lancer contre leur auteur des attaques totalement extravagantes.
lus tard.
Le chef de l’État, qui entretient semble-t-il un rapport un peu élastique avec la dignité, n’a pas pu s’empêcher de profiter de ce moment de solennité pour glisser dans son discours une allusion aux propos de Jean-Luc Mélenchon sur « la mauvaise République », et pour lui répondre : « La République française n’est par définition ni bonne, ni mauvaise. Elle est nécessaire, vitale, juste. »
Cette élucubration occulte complètement le minuscule détail que la République est d’abord ce qu’en font celles et ceux qui s’en voient confier la charge - et la présidence.
Mais elle est bien commode, car elle permet de justifier par avance (et a posteriori) les pires atteintes à l'État de droit, pourvu qu'elles soient perpétrées sous le couvert de la défense des «valeurs de la République» : merci de nous prévenir, monsieur le président. »
Nouvel épisode de Quelle époque formidable, la chronique politique de Sébastien Fontenelle à retrouver tous les jeudis.
Journaliste : Sébastien Fontenelle
Réalisation : Mathias Enthoven
Montage : Ameyes Aït-Oufella
Recherches : Veronica Gennari
Images : Arthur Frainet
Son : Baptiste Veilhan
Graphisme : Adrien Colrat
Production : Sophie Romillat
Directeur des programmes : Mathias Enthoven
Rédaction en chef : Soumaya Benaïssa
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