Entre 1857 et 2000, quatre photographes vont, de père en fils, inventer et se transmettre l’art de la photographie de montagne. Ils s’appellent Tairraz. Joseph Tairraz, Georges Tairraz I, Georges Tairraz II, et Pierre Tairraz. L’histoire commence à Chamonix en 1857. Joseph Tairraz, fils du syndic (maire), achète à Genève un appareil à daguerréotype. Quatre ans plus tard, il réalise, avant Auguste-Rosalie Bisson, photographe officiel de l’empereur, la première photographie au sommet du Mont-Blanc. Très vite, le jeune homme ouvre un studio, au centre de Chamonix. Il passera le relais à son fils Georges. La dynastie est lancée.
Georges Tairraz (1900-1975), que l'on appellera Georges Tairraz II, suivra à son tour la double carrière de guide et de photographe, élargie dès 1920 à la pratique du cinéma. Il réalise un premier documentaire en 1934, L'Ascension des aiguilles Ravanel et Mummery, avant d'entamer une longue collaboration avec Roger Frison-Roche. Conseiller technique sur le tournage du film Premier De Cordée réalisé en 1943 par Louis Daquin, Georges Tairraz II accompagne Frison-Roche dans ses expéditions dans le Hoggar et en Antarctique. Avec le guide et écrivain Gaston Rébuffat, il réalise deux films sur la face nord des Alpes.
Georges Tairraz II est le père de Pierre Tairraz qui continuera lui aussi à retracer l’histoire et les transformations de Chamonix et de l’alpinisme. Pendant un siècle et demi, les Tairraz seront les incomparables photographes du Mont-Blanc et, au fil des générations, goûteront au cinéma et se lieront d’amitié avec d’autres grands passeurs des Alpes, tels Roger Frison-Roche et Gaston Rébuffat. La dynastie est entrée en sommeil à la mort de Pierre Tairraz, en 2000. Elle nous laisse une certaine façon de regarder la montagne, d’en magnifier les formes pour exprimer les émotions de ceux qui s’y risquent.