Raymond Léopold Bruckberger, né le 10 avril 1907 à Murat (Cantal) et mort le 4 janvier 1998 à Fribourg (Suisse), est un prêtre dominicain et résistant français, également écrivain, traducteur, scénariste et réalisateur de cinéma. Dominicain, il est dès lors appelé le «R.P. Bruckberger», R.P. signifiant Révérend Père.
Quatrième de cinq enfants d'un père autrichien et d'une mère auvergnate (Eugénie Clémentine Marie Vazelle - 1876-1951), sa jeunesse fut difficile, avec l'emprisonnement de son père, son évasion, la mise sous séquestre des biens familiaux, ce qui contraignit la famille à vivre de charité. Raymond Bruckberger rejoint l'ordre des Dominicains à l'âge de 22 ans, en 1929, au couvent de Saint-Maximin (Var). Il est ordonné prêtre en 1934. Il se voit confier la rédaction de la Revue thomiste où, en 1937, il publie sa thèse: Métaphysique.
En 1939, il obtient de ses supérieurs l'autorisation de servir. Il rejoint en mars 1940 le corps franc de Joseph Darnand, avec qui il se lie d'amitié. Blessé à Chantilly, il est fait prisonnier. Il s'évade en juillet 1940, passe par Dijon en zone libre grâce au chanoine Kir, et retrouve Darnand à Nice, également évadé, avec qui il songe un instant à créer une association d'anciens combattants. Refusant de prêter serment d'allégeance au régime de Vichy, il commence à être attiré par l'action du général de Gaulle. Au moment de se séparer de Joseph Darnand, il aurait alors dit à ce dernier: «Si vous continuez dans cette voie, vous passerez en Haute Cour pour trahison, vous serez fusillé et je serai assez con pour venir vous défendre».
En mai 1941, au nom de la défense de Charles Péguy, il interrompt un discours d'un responsable de Vichy sur l'amitié franco-allemande, en présence de l'évêque de Nice et du préfet. Expulsé de Nice, il prend bientôt contact avec Claude Bourdet et la Résistance.
Arrêté par la Gestapo en 1942, il échappe à la mort, sans doute grâce à l'intervention de Darnand, et fait cinq mois de prison. Dès sa libération, il prend le maquis dans le Vivarais, où il fréquente Albert Camus. Il fait également connaissance avec Robert Bresson, avec qui il réalise, en collaboration avec Jean Giraudoux, Les Anges du péché, dans lequel beaucoup voient une métaphore de la Résistance. Sur les instances du général de Gaulle, la Résistance veut se doter d'un aumônier général. Alexandre Parodi nomme alors Bruckberger aumônier des Forces françaises de l'intérieur.
Il participe à la libération de Paris le 19 août 1944. Afin d'éviter une confrontation avec le cardinal-archevêque Suhard, qui a reçu à Notre-Dame de Paris le maréchal Pétain et le commandant allemand de la place de Paris, Bruckberger estime que l'office de la Libération doit être célébrée dans la basilique Notre-Dame-des-Victoires. Mais de Gaulle insistant absolument pour Notre-Dame, Bruckberger fait alors savoir que la présence du cardinal Suhard dans sa cathédrale n'est pas souhaitable. Le Magnificat a lieu le 26 août 1944 sans le cardinal, exclu par de Gaulle lui-même et confiné à l'archevêché. Au dehors, pendant le chant d'action de grâce, des résistants croient voir des tireurs embusqués allemands et tirent des rafales. ...
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