Alexandre Alexandrovsky dit Allex Allin
Il disait être né en 1896 à Saint-Pétersbourg et avoir étudié à l’École d’Art dramatique de Petrowsky sous la houlette d’Alexandre Kamenka (qu’on retrouvera plus tard en France aux Films Albatros). Jeune comédien, il joua en tournée à travers la Russie Molière, Schiller, Gogol, Pouchkine, Ostrowsky. Chassé par la révolution, Alex Allin se retrouva à Berlin aux Films Lionardo où il débuta dans des œuvres de Cari Dreyer, avant d’interpréter en 1922 l’apache dans Tragi-comédie de Robert Wiene et en 1923 un témoin dans Raskolnikov du même metteur en scène. Installé ensuite en France, petit homme lunaire et furtif, il allait marquer de sa singularité plusieurs compositions. On le vit en Bertrand, l’acolyte de Robert Macaire-Angelo dans le film de Jean Epstein. Il fut un amoureux transi dirigé par Gabriel de Gravone dans son marivaudage marin Paris, Cabourg, Le Caire... et l’amour où Lucie Derain lui trouva « de la verve et un bon physique de grotesque » {La Cinématographie française, 9 avril 1927). Alex Allin fit sensation quand il joua Félix, le valet de chambre de Fadinard, dans Un chapeau de paille d’Italie, mais aussi et surtout l’onirique Clergyman lancé par Germaine Dulac et Antonin Artaud devant le public sidéré du Studio des Ursulines. A nouveau il alla tourner en Allemagne, deux films au moins. Victime de son accent russe, Alex Allin, par la suite, après avoir campé un orphelin rêveur dans une œuvrette de Marc Allégret, Papoid, ne parvint à décrocher un vrai rôle qu’une seule fois dans un long-métrage parlant, où naturellement il ne détonnait pas puisqu’il s’agissait du film de Jean Renoir Les Bas-fonds en 1936. Par la suite, il dut se contenter de silhouettes, comme le valet de chambre de Contre-enquête (Faurez 1946).