Malgré l'ampleur des crimes commis sous son long règne - de 2,5 à 6 millions de morts durant la grande famine de 1932-33 en Ukraine, 1,5 million de fusillés de 1936 à 1939, durant la Grande Terreur, et environ 18 millions de déportés au goulag -, la figure de Staline reste populaire en Russie. Elle connaît même un regain de faveur chez les nostalgiques de l'ère soviétique ou les partisans de la droite nationaliste, mais aussi nombre de citoyens désorientés, pour qui le vainqueur de la "Grande Guerre patriotique" incarne un chef d'État fort et désintéressé qui a su tenir tête à l'Occident. En dehors de quelques déclarations isolées, l'État russe lui-même n'a jamais officiellement condamné la terreur stalinienne ni demandé pardon à ceux qu'elle a broyés. Les nouveaux manuels d'histoire consacrent ainsi plus de pages à vanter les hauts faits de son règne qu'à en décrire les crimes.