JP et son jeune frère Vincent, un être impulsif et instable, sont comme deux petits princes de la rue. Leur royaume ? Verdun, quartier de Montréal, qu’ils sillonnent en « collectant » pour leur oncle, un petit malfrat plus dangereux qu’il n’y paraît. Dans le même appartement bruyant s’entassent les deux frères, leur mère Joe, alcoolique aux périodes de sobriété fragiles, et Mel, la fiancée de JP, qui, comme lui, aspire à mieux. Mais peut- on jamais échapper à son milieu, à son sang ?
Commentaires (2)
Ce film est une vrai œuvre d’art ; à tous niveaux. D’abord par l’histoire qui est très touchante et accrochante, qui reste connecté avec le monde qui nous entoure et les problèmes de notre "quotidien" comme le trafique de drogue et l’argent. Par son titre et par sa mise en scène intelligente et sensitive, Sophie Dupuis arrive à rendre chaque personnage aussi intéressant en les y identifiant : que ce soit J.P. , chien de garde par son rôle de père, qui essaye tant bien que mal de sortir sa famille et surtout son frères des eaux troubles du quartier de Verdun (au Québec), tout en préservant sa relation avec sa petite amie Mel ; Vincent, chien de garde par son attitude animale et son impulsivité ; David chien de garde par le fait qu’il ramène de mla nourriture pour cette famille ; ou encore Mel, chien de garde qui reste le seul élément stable au milieu de ce chaos. Ensuite la manière de diriger les acteurs qui laisse une énorme place à l’improvisation, et puis le jeu des acteurs et plus particulièrement le talent de Théodore Pellerin (Vincent), cette bombe à retardement qui peut passer d’un état à l’autre en une fraction de seconde. Il sait nous toucher par sa naïveté et sa fragilité semblables à celles d’un enfant de 10 ans, mais tout en restant imprévisible et empli d’une énergie débordante. Mais il y a en arrière plan tout un travail qui permet de nous plonger entièrement dans ce quartier sombre et angoissant. Les plans sont très sombres, n’y a presque jamais de lumière et les couleurs sont froides. De plus, la réalisatrice colle au plus près de son personnage principal rendant le moment très étouffant et éprouvant, limitant ses cadres, resserrant ses plans et ne laissant aucune porte de sortie possible. Et c'est d'ailleurs la plus grosse qualité du film : savoir créer une ambiance lourde, pesante toute autant que fascinante à partir de peu, montrant les crocs quand il le faut. Cette approche bestiale et agressive, se retrouve aussi dans le sound-design du film qui n'y a pas un moment qui ne soit pas envahi des bruits parasites et assourdissants, renforçant le caractère très anxiogène de l’œuvre. En quelque mots, Chien de garde est percutant, envoûtant, fascinant, malaisant. C’est un film qui se ressent.
Très très bon film québécois avec un époustouflant Théodore Pellerin !