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C.H.U.D.

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They're not staying down there anymore!

A New York, en 1977, le journal du New York Times, fait mention dans ses colonnes de l'existence de toute une colonie de clochards vivant dans les souterrains qui serpentent dans les égouts de la ville. Mais d'autres rumeurs disent que ces souterrains serviraient à stocker en secret des déchets. « A.J », un ex-détenu que l'on surnomme aussi « le Révérend », et qui vient en aide aux miséreux, en leur offrant « gîte et couvert », signale la disparition de l'un de ses plus fidèles sans-abri, mais au commissariat, personne ne daigne lever le petit doigt pour des laissés pour compte. Même le Capitaine Bosh, qui a déjà mis « A.J » sous les verrous, ne s'y intéresse pas. Pourtant, lorsque sa femme ne rentre pas un soir, il décide d'en savoir un peu plus sur ces disparitions, en lui rendant visite. « A.J » lui affirme qu'il n'est pas le seul à ne plus venir manger et qu'étrangement, ce sont seulement ceux qui vivent dans le sous-sol, qui ont disparu.

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Commentaires

C.H.U.D, film culte par excellence du cinéma d'exploitation, aux côtés de Street Trash et des films de Frank Henenlotter (Frères de sang, Elmer le remue-méninges, Frankenhooker...) Au premier abord, et sans esprit d'analyse, ce film pourrait sembler être un pur nanar conventionnel sans intérêt; ce qui n'est absolument pas le cas ! On a droit ici à un film d'exploitation de - vraie - gauche comme on en faisait encore à l'époque : sans niaiserie, sans le côté bobo actuel, avec un petit côté qui paraît beauf en surface mais s'avère receler une certaine profondeur quand on cherche à gratter un peu. New York. A la surface, tout est sombre, sale, bordélique. Les rues sont glauques, mal éclairées. La classe moyenne se promène non sans tension. Les flics, probablement mal payés, sont installés dans un commissariat dont la majeure partie consiste en des murs de plâtre et de contreplaqué, et de bureaux où s'entassent les dossiers, symbolisme du taux de criminalité de la ville et du manque d'organisation de la police (qui passe plus de temps à régler des "petites affaires" qu'autre chose). Ces mêmes flics, conscients d'appartenir à la classe moyenne-basse plutôt que moyenne-haute, méprisent clochards et pauvres de tous horizons, sans jamais se remettre en question et voir en eux les victimes les plus atteintes par ce système qui pourtant les oppresse également, à moindre échelle. Ca, c'est le décor de surface, peu reluisant, mais pourtant pas le plus à plaindre. Sous la surface : le métro, porte d'entrée d'un "monde invisible" donnant lieux aux catacombes et aux égouts, où s'accumulent, au détour d'un couloir et d'un trou dans le mur (tous les passages vers "le monde des pauvres" sont symbolisés par des murs troués), nombre de clochards, alcoolisés, malades, blessés, mal en point, ne croyant plus en rien, gérant eux-même leurs problèmes par manque de confiance en la justice. La pauvreté s'organise. On peut voir dans ce sens l'extrême opposé du procédé des vigilantes de Charles Bronson : ici, la victime des injustices est la pauvreté; et c'est à elle de prendre les armes en main. Car tous les clochards sont armés, prêts à en découdre contre cette épidémie portant le nom de CHUD (Cannibale Humanoïde Usurpateur et Dévastateur, en version française). Une femme de classe moyenne promène son chien à la surface, une plaque d’égout se soulève près d'elle, des griffes jaillissent : la femme en question est enlevée par une créature dont on n'aperçoit que les mains. Happée par le monde des pauvres, qui n'intéresse jusqu'ici aucunement la police, bien au chaud dans son commissariat, à la surface. Un flic mène l'enquête... à cause d'intérêts personnels. Sans ça, nul doute qu'il n'aurait jamais foutu un pied dans les catacombes. Ce flic se rend chez celui qu'on nomme "le Révérend" (interprété par le génial Daniel Stern, qui jouera le monstrueux Marv six années plus tard dans Maman j'ai raté l'avion). Le Révérend distribue des repas aux clochards dans un local insalubre, il les aide, il vit avec eux. Après interrogatoire du Révérend, le flic apprend qu'une bonne dizaine de clochards ont déjà été victimes de ce phénomène, ce que ne savait évidemment pas la police, beaucoup trop désintéressée par cette couche de la société. S'ensuit une collaboration étroite entre ces deux personnages, durant laquelle le flic dévoile ses raisons. Une intrigue aux relents écologiques se met en place, mais le propos est avant tout social. Il s'agit d'un film anti-gouvernemental, et plus encore : anti-institutionnel. CHUD dépeint à merveille les effets de la hiérarchisation d'une société autrefois prospère, mais aujourd'hui en pleine déconstruction, crise oblige. C'est un cri d'alarme contre les dérives du capitalisme à outrance, immoral et voué à une descente vertigineuse. Film d'exploitation pur souche, tout est filmé et cadré de façon ultra-conventionnelle. Et pourtant, ce sont les décors qui parlent : tout n'est que bordel, manque d'organisation, saleté, ténèbres, puanteur. L'inspecteur, chemise blanche immaculée et cravate au corps, rentre en collision avec un monde opposé au sien. Les acteurs secondaires cabotinent, caricaturent la misère chaque fois où la scène nait d'une rencontre du flic, symbolisant à merveille le regard des classes supérieures sur "les gens d'en-dessous". Dans CHUD, les niveaux de sol représentent la hiérarchie de la société : plus on s'enfonce, plus on atteint ce qu'on refuse de voir, nous, peuple de la surface et de la chaleur. On aurait très bien pu voir Coluche dans le rôle du Révérend. Du moins, à l'époque de Tchao Pantin. Pour la petite histoire, le rôle a d'ailleurs été conçu pour un tout autre acteur que Daniel Stern : Robert Englund. Mais celui-ci a flairé juste - commercialement parlant - et a préféré laisser ce film de côté pour s'investir à fond dans son personnage de Freddy Krueger, pour le légendaire "Les griffes de la nuit". Au détour, on croisera également une petite apparition du fabuleux John Goodman, grimé en bon flic américain, apparaissant pour demander un menu hamburger-soda, symbolisme de ce que la société américaine produit de pire en matière de consumérisme, de déshumanisation et de beauferie. Évidemment, en analysant le film et son propos, on se rend rapidement compte que l'histoire de créatures n'est qu'une métaphore globale, à la fois de la misère sociale, du désintérêt institutionnel, et de l'irresponsabilité des grandes multinationales du domaine nucléaire. A la manière de la créature de "Elmer le remue-méninges", qui n'était qu'une métaphore de l'addiction (et en particulier de l'addiction personnelle de son réalisateur à la cocaïne). CHUD est un film qui semble donc anodin à première vue, mais sur lequel on peut gratter, gratter, gratter... La profondeur de ce film nous offrira toujours quelque chose à découvrir ou redécouvrir. Son statut de film désormais culte n'est pas tombé du ciel.

Spiro

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