Iman vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestations populaires commence à secouer le pays. Dépassé par l’ampleur des évènements, il se confronte à l’absurdité d’un système et à ses injustices mais décide de s’y conformer. À la maison, ses deux filles, Rezvan et Sana, étudiantes, soutiennent le mouvement avec virulence, tandis que sa femme, Najmeh, tente de ménager les deux camps. La paranoïa envahit Iman lorsque son arme de service disparait mystérieusement…
Commentaires (2)
Film à voir impérativement, d'une importance folle pour saisir tout le drame de la société iranienne aujourd'hui. Le réalisateur a d'ailleurs été contraint de fuir l'Iran et le régime dictatorial du fait de la critique juste et acerbe qu'il en faisait. Dans cet immense tableau de près de 3h, tous les portraits sont brossés, les points de vue sont confrontés de vive voix où dans les non-dits au sein de cette famille iranienne plutôt aisée. Ce qui me paraît être l'aspect fondamental du film, c'est la manière avec laquelle il présente d'abord les problèmes qu'engendre la répression, les violences policières... D'une vision extérieure et éloignée, le conflit qui s'immisce dans cette famille conduit à l'explosion quand le cadre familial se fait allégorie mêle du régime et de la fracture sociale qu'il crée. La fin complètement folle qui tient davantage du film d'horreur (elle m'évoque bcp Shining) que de la simple critique sociale est forcément inattendue dans un tel film mais ô combien pertinente et merveilleusement bien exécutée. Cette déambulation dans les ruines labyrinthiques qui tient presque du cache-cache, innocent jeu en famille qui se révèle ici être de teneur mortelle, filmée de manière à ressentir toute la tension du moment présent et à douter, perdre l'esprit dans les murs, les gravats, les ouvertures, les plus petites cachettes, mène à une conclusion théâtrale et tragique, pour cette famille complètement déchirée, et toujours symbolisant le gouffre creusé par le régime, peut-être que le message final à retenir est pessimiste. Ou peut-être que, en regardant les minutes suivantes qui viennent définitivement clore cette majestueuse fresque, il y a davantage à entrevoir. Dans ces vidéos filmées à la va-vite par des individus comme vous et moi qui voient et filment la vérité sans scénario, sans personnages, juste des situations bien réelles qu'ils ont choisi de filmer pour montrer à tous que dans cet enfer, les gens se battaient malgré tout. Malgré la répression. Malgré la propagande. Malgré la noirceur apparemment infinie de ce tunnel sans fin. Le peuple iranien n'abandonne pas et clame ses droits, ses libertés. Alors, peut-être qu'au final, s'il faut prendre conscience que le régime détruit des vies, des familles toutes entières comme c'est le cas pendant toute la durée du film, il faut surtout ne pas perdre espoir. C'est la dernière chose que Mohammad Rasoulof a choisi d'insuffler dans le regard du spectateur. Alors c'est sans doute ce qu'il y a de plus important à retenir.