Soutenez Blast, nouveau média indépendant : https://www.blast-info.fr/soutenir
La règle du Norm Show, c’est l’humiliation, la sélection et l’exclusion. Celle du Freak Show,
l’humilité. Une humilité qui naît de la conscience de la cruauté de l’existence, mais aussi de
la beauté qui peut naître des relations humaines au sein de celle-ci. La vingtaine de Freaks
montrés dans le film de Tod Browning sont essentiellement des hommes et des femmes
réduits ou mutilés. Paradoxe de la part d’un quasi-géant, Freaks célèbre la puissance de ce
qui est petit et la force de ce qui est faible.
La constante du Norm Show, c’est la réaction à l’actualité. C’est une soumission implicite à
une lecture chronologique du Temps. Une vision progressiste ou réactionnaire, mais qui,
dans les deux cas, nous place toujours dans un entre-deux restreint ; ce moment
intermédiaire, hériter d’une histoire récente, meilleure ou moins bien, et qui se projette
dans un futur lamentable ou radieux.
La constante du cirque, c’est l’anachronisme. C’est un instant qui échappe au Temps en
faisant se mêler explicitement le passé le plus archaïque et l’utopie la plus folle, le tout dans
un présent circulaire où tout a lieu à la fois. Le Norm Show a beau s’autoriser d’une vision du
monde soi-disant pérenne, il est toujours dans la crainte de la ringardise. Le Freak Show, lui,
n’est pas dans le Temps.
Freaks, c’est là d’où nous venons. Et c’est là où nous allons. C’est la disparition de Hollywood
comme religion et la réapparition de Carnaval. Et les indices de son retour sont aujourd’hui
visibles partout.
Des « Freaks » de Los Angeles aux supposés « Wokistes », des Hippies aux Hipsters, tous les
mouvements de la jeunesse des cinquante dernières années portent en eux la nostalgie de
cette existence humble et colorée, chaotique et vivante, faite de métamorphoses et de
relations libres, qui fut notre première existence. Elle l’est encore, et elle le sera toujours.
Le visage qu’ils lui font porter peut parfois apparaître comme une simplification, une
réduction ou une caricature. Incarcérés aujourd’hui dans les prisons psychiques des réseaux
sociaux et leur encouragement tacite à l’obsession de la notoriété, ces mouvements sont,
trop souvent, traversés par des appétits de réussite individuelle. Voire par la tentation, pour
chacun, de s’ériger en juge des autres – de devenir dur et raide.
Peu importe. Ils sont avant tout porteurs d’une promesse. La promesse que nous ne
supporterons pas éternellement ce monde sacrifié à une idée fausse de l’humanité –
« normalisée », stéréotypée, hiérarchisée, c’est-à-dire faite pour la guerre de chacun contre
tous et de tous contre chacun.
Et, à chaque fois qu’on regarde Freaks, ce qu’on ressent, individuellement comme
collectivement, c’est à la fois la nostalgie de l’Age d’or et le désir d’un monde où l’humanité
serait unie à travers ses différences. La nostalgie d’un monde où la blessure de chacun était
portée par tous et le désir d’un monde où la joie de chacun serait portée par tous.
Un jour, nous rirons ensemble de ce monde menteur.
Là où est la fin, là aussi sera le commencement : Le Norm Show doit disparaître.
Auteur : Pacôme Thiellement
Réalisation et montage : Thomas Bertay
Images : Arthur Frainet
Son : Baptiste Veilhan
Graphisme : Adrien Colrat
Diffusion : Maxime Hector
Production : Sophie Romillat
Directeur du développement : Mathias Enthoven
Rédaction en chef : Soumaya Benaissa
Directeur de la rédaction : Denis Robert
Le site : https://www.blast-info.fr/
Facebook : https://www.facebook.com/blastofficiel
Twitter : https://twitter.com/blast_france
Instagram : https://www.instagram.com/blastofficiel/
Mastodon : https://mamot.fr/web/@blast_info
Peertube : https://video.blast-info.fr
#Métamorphoses
#Carnaval
#freaks
BetaSeries es la aplicación de referencia para los aficionados a las series que ven las plataformas de streaming. Descarga la aplicación de forma gratuita, rellena las series que te gustan y recibe recomendaciones al instante.
© 2024 BetaSeries - Todos los contenidos externos son propiedad de sus legítimos propietarios.