Cet article se base sur les deux premiers épisodes de la saison 8 et contient des spoilers jusqu’à la saison 7.
C’est le dernier tour de piste pour Homeland, cette saison 8 sera donc la dernière. Pour rappel, elle avait tout raflé sur son passage en 2012 et 2013, gagnant deux années de suite le Golden Globe de la meilleure série dramatique. Le pitch, adapté de la série israélienne Prisoners of War, suivait le retour d’un marine américain dans son pays au terme de huit ans de détention par Al-Qaïda. A-t-il été radicalisé ? Est-il une menace pour les États-Unis ? Il faut dire qu’en termes de ressort dramatique, on est clairement dans le haut du panier de cette dernière décennie.
Le succès retentissant de Homeland sur Showtime a convaincu la chaine d’y avoir trouvé sa poule aux œufs d’or, la renouvelant année après année. Mais depuis le pic d’audience de la saison 3, c’est le déclin : la série perd ses spectateurs, parfois au profit du rattrapage, mais sans doute à cause d’une perte de vitesse. Et pourtant, Homeland nous a surpris : la saison 5 à Berlin s’est posée comme un véritable vent d’air frais avec des enjeux toujours plus actuels. Les deux dernières saisons focalisées sur les États-Unis ont traité l’ère Trump de la post-vérité avec brio. Et même si la série était parfois coupable de réutiliser les mêmes ficelles saison après saison, la qualité de l’écriture gardait une certaine constance, notamment dans l’évolution des épisodes.
Piqure de rappel : la saison 7 de Homeland se terminait sur la libération de Carrie Mathison après 7 mois de détention par les services secrets russes. La dernière image nous montrait une Carrie complètement déboussolée et visiblement changée par son « séjour ». On la retrouve en ce début de saison dans un hôpital psychiatrique, à tenter de remonter la pente malgré de nombreux cauchemars et un douloureux isolement du monde qui l’entoure. Mais il y a un problème : dans son débriefing, Carrie n’a aucun souvenir de ses 6 derniers mois de détention par les Russes, notamment à cause de l’absence de traitement pour ses troubles bipolaires. Aurait-elle pu compromettre des agents en couverture ? Révéler des secrets d’État ? Homeland revient donc à ses origines et au personnage ambigu de Brody.
Saul Berenson est lui en Afghanistan, en pleines négociations de paix entre le pouvoir en place et les talibans, ce qui entrainera le retrait des troupes américaines du pays. Mais afin de mener à bien cette mission, il aura forcément besoin de… Carrie. Et là on touche à une ficelle éculée de la série : Saul qui n’a visiblement que faire de l’état de santé de Carrie pour une fois de plus l’emmener en zone de guerre. Sans aucun remords, il ne semble pas inquiet des répercussions qu’une telle mission peut avoir sur quelqu’un souffrant à coup sûr de stress post-traumatique et donc en pleine reconstruction.
La force de Homeland réside dans ses enjeux, une intrigue à tiroirs partagée entre tous les personnages. Ce début de saison ne fait pas exception avec un contexte politique fort, qui fait réapparaitre d’anciens personnages, mais qui peine à trouver son originalité. Nous avons l’impression de voir le Homeland de 2014 dans une tentative de renouer avec son succès des débuts. C’est donc clairement le doute du personnage de Carrie qui portera cette saison, à voir comment les scénaristes sauront le développer au fur et à mesure des épisodes.
La saison 8 de Homeland est diffusée tous les lundis sur Canal+ Séries.