Ragnarök sur Netflix, la dernière série d’Adam Price

Article originellement publié le 2 février 2021 :

Sortie en toute discrétion le 31 janvier 2020, Ragnarök est la dernière série d’Adam Price, showrunner danois à qui l’ont doit Borgen ou encore Au Nom du Père. Le scénariste change ici totalement d’univers et place son histoire dans les fjords norvégiens, dans la petite ville fictive d’Edda. Tout le concept de la série est de proposer une lecture contemporaine de la mythologie nordique. Nous découvrons toutes ces légendes grâce au personnage de Magne, qui à son arrivée dans la ville se découvre des habilités hors du commun. Il se rendra compte que sa destinée va bien au-delà d’être un adolescent normal.

Évidemment, on ne préfère pas trop vous en dire, mais sachez qu’on en apprend plus sur le Ragnarok que dans le troisième film Thor : un évènement qui présage de la fin du monde en voyant s’affronter dieux et géants. Chaque épisode nous introduit à un élément de ces légendes nordiques, même si cela ne définit pas ce qui y sera raconté. C’est dommage, mais on pardonnera rapidement cette erreur. L’histoire de Magne prend la forme d’une origin story, celle d’un héros se découvrant des pouvoirs et comprenant progressivement sa place dans le monde. 

David Stakston & Jonas Strand Gravli

Mais tout ça se fait dans le contexte d’un drame adolescent : le principal de l’action se déroule dans le lycée d’Edda, avec ses élèves, ses potins, ses amitiés et ses amourettes. Mais le portrait de cette génération que la série dresse évite les clichés avec une dimension écologique. L’élève la plus rejetée du lycée sera vue comme « l’écolo de service », une militante qui s’exprimera aussi via des vidéos sur YouTube. On peut alors faire un parallèle évident entre le Ragnarök mythologique et la fin du monde climatique, une métaphore qui deviendra le coeur du récit.

La série, qui a le mérite de concentrer son histoire sur 6 épisodes, n’est pas exempte de défauts. Certaines facilités scénaristiques sont un peu grosses, provoquant des rebondissements parfois forcés. La série grossit d’ailleurs parfois le trait sur les personnages, notamment la famille Jutul très caricaturale. Mais d’autres personnages nous surprennent par le chemin qu’ils prennent, transcendant leurs archétypes pour leur donner un peu plus de relief.

Et puis quel dépaysement ! La réalisation sublime cette petite ville de la campagne norvégienne et donne forcément une ambiance toute particulière à cette histoire hors du commun. Le tout est servi par une sélection musicale de choix : on sent bien que la production est fan de M83.

Ragnarök est donc une bonne surprise, qui dépayse par son ambiance et son écriture avec un concept original et un message très actuel. Et même si ce n’est pas non plus le coup de foudre (il fallait qu’on la fasse), le traitement de certains personnages relève le niveau.

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Published by
Hugo Clery