Locke & Key est un projet qui a maintenant 10 ans. Adaptée de la série de comic books best-seller de Joe Hill (fils de Stephen King) et Gabriel Rodriguez, la série devait d’abord être produite chez la Fox, puis Hulu, pour ensuite devenir une éventuelle trilogie au cinéma. Outre-atlantique, on appelle ça le development hell et c’est rarement bon signe.
Mais avec un matériau d’origine multi-récompensé au succès retentissant, Locke & Key se devait de sortir un jour. C’est donc sur Netflix que la série voit le jour ce 7 février grâce à un trio de showrunners de renom : Carlton Cuse (Lost, Bates Motel), Meredith Averill (The Haunting of Hill House, The Good Wife) et Aron Eli Coleite (Heroes). Alors, est-ce que cela en valait la peine ?
Bienvenue chez les Locke
Locke & Key, c’est avant tout l’histoire de la famille Locke (pour lock, serrure, clés, vous l’avez ?) qui emménage dans leur maison ancestrale après la mort du père, dans d’étranges circonstances. Ils y découvrent des clés magiques aux pouvoirs uniques et se rendent compte qu’elles sont convoitées par un démon qui peuple les lieux.
Cette tragédie familiale se retrouve au cœur du récit et c’est la grande force de Locke & Key. On est touché par ses frères et sœurs qui surmontent le deuil chacun à leur manière. Les relations se transforment et la série se focalise sur la sphère de l’intime qui se voit chamboulée après la mort de l’être aimé.
De plus, le casting est convaincant, notamment Connor Jessup et Emilia Jones (Tyler et Kinsey Locke) qui ont une vraie alchimie à l’écran. Que ce soit pour comprendre ce qui leur arrive ou protéger leur petit frère Bode (prononcez Bodi), on croit vraiment à ce duo tout au long de la saison.
Les clés d’un échec
Dès que Locke & Key développe son intrigue, le récit tombe à plat. Tout l’aspect magique est traité de manière assez paresseuse, posant les bases de sa mythologie de manière approximative. Il n’existe pas vraiment de sens du mystère dans Locke & Key, nous sommes davantage dans Narnia (cité quand même deux fois par les personnages dans la série) que dans The Haunting of Hill House. Ce traitement très young adult produit une histoire édulcorée qui ne prend jamais vraiment le parti de l’horreur et du suspense.
On peine à s’investir dans des enjeux intéressants et cela est notamment dû au cruel manque de sérieux dans l’écriture. Beaucoup de coïncidences et de facilités scénaristiques pour faire avancer l’intrigue dans un sens précis. Le récit semble traverser des passages obligés plutôt que d’explorer des pistes plus originales et créatives. On assiste alors à des twists parfois tirés par les cheveux, qui culminent par cette fin qui malheureusement ne fonctionne pas.
Et cela nous permet de toucher le gros défaut de la série : son antagoniste. Dodge n’est menaçante à aucun moment. C’est en partie du à l’écriture même du personnage, sans doute plus adaptée au médium dessiné qu’à la série télévisée, mais aussi au casting qui peine à convaincre. Quelles sont ses motivations ? Elle ne semble présente que pour fournir un adversaire aux enfants Locke, et non proposer une autre vision du monde face aux pouvoirs extraordinaires de ces clés.
Pour contrebalancer ce ressenti, il faut avouer que la qualité de production est bien là. La caméra flotte dans des décors hyper soignés avec des mouvements d’une élégante fluidité. L’usage de courtes focales nous permet d’apprécier l’immensité de Key House et des décors environnants. On a même le droit à quelques subtils plans séquences. La photographie fait la part belle aux couleurs chaudes avec des contrastes dignes d’un roman graphique. De de côté là, c’est une série vraiment agréable à l’œil.
Mais vous l’aurez compris, Locke & Key ne prend pas de risque. Et même si l’histoire de cette famille est touchante, toute la dimension fantastique souffre d’une écriture bâclée et manque vraiment d’originalité.
Note : ★★★☆☆
Locke & Key, à voir sur Netflix à partir du 7 février.