La saison 3 d’Hippocrate, à voir sur Canal+, ne perd pas de temps pour nous happer dans la frénésie narrative à laquelle elle nous a habitués ! Ainsi, le premier épisode s’ouvre immédiatement sur une intervention délicate d’Alyson qui doit venir en aide à un jeune patient de 20 ans, issue d’une famille originaire des pays de l’est particulièrement en colère d’avoir dû attendre plus de 6h pour voir arriver un médecin. Se sentant en danger, la jeune médecin fait appel à Hugo et ensemble, ils vont se démener pour sauver le malade tout en se débattant pour obtenir un SMUR qui n’arrive pas, faute de véhicule disponible. Va s’ensuivre une course contre la montre où toute l’équipe des urgences de l’hôpital Raymond-Poincaré va se relayer pour tenter d’apporter les soins nécessaires à ce patient entre la vie et la mort. Lassée des aberrations administratives, Chloé, elle, a décidé de monter une clinique clandestine, destinée à accueillir des sans-papiers et sans toit en besoin urgent de soins. Olivier, qui a choisi de fermer les urgences à 20h pendant l’été, doit faire face aux conséquences de sa décision qui, dans les faits, n’est pas si facile à respecter. Quant à Arben, il peine lui aussi à refuser des patients et désobéit à la première occasion.
Thomas Lilti, le créateur d’Hippocrate, série originale de Canal+ qui fête ses 40 ans, est un ancien médecin généraliste qui n’a pas hésité à remettre sa blouse pour prêter main forte aux équipes médicales, prises d’assaut par le Covid. Une expérience qui lui a fait vivre la crise sanitaire de plein fouet entre les manques de lit et de personnel qui ont obligé les soignants à prendre des décisions drastiques. La saison 3 d’Hippocrate dépeint exactement cette situation post-pandémie, et les conséquences directes aussi bien sur les patients — retard dans la prise en charge, aggravation des pathologies — que sur le personnel médical qui, malgré leur serment d’Hippocrate de « donner des soins à quiconque […] le demandera » se retrouve face à des problèmes logistiques et administratifs qui les obligent à refuser des patients. Chloé (Louise Bourgoin, toujours aussi juste) décide de faire fi de ces injonctions et monte des urgences clandestines. Hugo (Zacharie Chasseriaud) et Alyson (Alice Belaïdi) font appel au système D pour soigner, coûte que coûte, chacun de leurs malades, emportant dans leur sillon Arben (Karim Leklou), lui aussi, convaincu que leur désobéissance est l’unique recours pour pratiquer une médecine encore humaine.
Mais cette saison 3 d’Hippocrate évite un manichéisme qui ne lui ressemblerait pas. Olivier (Bouli Lanners), nouveau chef des urgences arrivé en saison 2) ne vit pas mieux que ses équipes les décisions qu’il a lui-même prises. D’ailleurs, son « on fait du mieux avec les moyens qu’on a » qu’il assène dans l’épisode 2 résonne comme une acceptation amère de la situation inextricable dans laquelle il se trouve. Mais comment préserver des médecins pleins de bonne volonté mais en sous-effectif tout en faisant face à un flot de malades toujours plus important ? Même le personnage de Géraldine Nakache, qui interprète Nathalie Ferrand, la directrice de l’hôpital Raymond-Poincaré, se pose la question et nous avec…
Cette saison place la série Originals Canal+ au sommet du paysage télévisuel français, en surpassant encore la précédente. L’aspect réaliste ne met en rien de côté les aspects artistiques, avec une réalisation et une musique reconnaissables qui permettent des scènes mémorables. Les six épisodes de la saison 3 d’Hippocrate sont à retrouver dès le 11 novembre sur Canal+.