Après Les indociles l’an dernier, la RTS revient avec une série audacieuse au Geneva International Film Festival (GIFF) intitulée Winter Palace. Pierre Monnard, le réalisateur, et Cyril Metzger, acteur principal de la série, ont partagé les dessous de cette production suisse ambitieuse. Winter Palace, diffusée en collaboration avec Netflix et la RTS, et produite par Point Prod et Oble, plonge les spectateurs dans les débuts de l’hôtellerie de luxe en Suisse au tournant du XXe siècle. Avec un réalisme saisissant, la série explore les rêves et les sacrifices de ceux qui ont œuvré pour ériger des établissements prestigieux en pleine montagne. La RTS bénéficiera de la première fenêtre de diffusion qui est prévue pour le 26 décembre, puis la saison de 8 épisodes arrivera sur Netflix pour le reste du monde.
Pierre Monnard a été impliqué dès 2015, lorsque l’idée de la série a commencé à prendre forme. « Il a fallu près de dix ans pour passer du concept à la série finale, » confie-t-il, évoquant les défis de financement et de développement. Pendant ces années de préparation, l’équipe a peaufiné chaque détail pour offrir une expérience immersive dans la Suisse de 1889. Quant à Cyril Metzger, il a rejoint l’aventure après un processus de casting rigoureux. Connaissant Pierre Monnard d’un projet précédent, il se souvient avoir passé trois tours de sélection avant d’être choisi pour le rôle d’André Morel, un ambitieux hôtelier fictif toutefois inspiré par le parcours de César Ritz, pionnier suisse de l’hôtellerie de luxe.
Pour capturer la grandeur de Winter Palace, l’équipe a sillonné la Suisse en quête de lieux qui incarneraient cet hôtel fictif. Finalement, ils ont trouvé le cadre idéal dans plusieurs sites emblématiques, dont l’hôtel du Rigi Vaudois à Glion et l’hospice du Simplon, un monastère au sommet du col du Simplon. L’extérieur de ce dernier a été modifié numériquement pour donner une apparence plus proche des hôtels de luxe de l’époque. « On a tourné en hiver, dans la vraie neige, avec des conditions climatiques parfois rudes, » explique Cyril Metzger. « C’était un véritable défi pour l’équipe, surtout avec les costumes d’époque. » L’expérience immersive de tourner en pleine nature, avec des scènes sur des lacs gelés et au sommet des montagnes, a renforcé l’engagement des acteurs envers leurs personnages. Vive les chaufferettes pour ce type de tournage !
Bien que Winter Palace s’appuie sur des faits historiques et des recherches approfondies, Pierre Monnard insiste sur le fait que la série n’est pas un documentaire. Le réalisateur a travaillé avec une historienne de l’hôtellerie, Evelyne Luthi Graves, pour s’assurer de la véracité des détails architecturaux et vestimentaires. Cependant, il n’a pas hésité à introduire quelques anachronismes pour donner une touche de modernité et d’humour. « On voulait un mélange de drame historique et de fraîcheur contemporaine, » explique-t-il, comparant la série à « une coupe de champagne, pétillante et profonde. »
André Morel, joué par Cyril Metzger, est un personnage complexe et captivant. Le nom est un clin d’œil au premier acteur qui a incarné Sherlock Holmes, et ça tombe bien puisque Conan Doyle est un personnage de la série. Doté d’une vision et d’une détermination hors du commun, il n’hésite pas à prendre des risques pour concrétiser son rêve. Cyril décrit André comme un homme « visionnaire et sacrifié, » prêt à tout pour réaliser ses ambitions, même si cela implique de mentir ou de manipuler son entourage. La relation d’André avec son épouse Rose est au cœur de la série, montrant les défis d’un couple qui tente de survivre face aux épreuves imposées par un projet aussi grandiose.
Pour Cyril, le personnage d’André résonne avec sa propre expérience dans le monde du cinéma, un domaine où il faut aussi être capable de convaincre et de mener des équipes pour accomplir des projets ambitieux. « C’est comme si André était un réalisateur ou un producteur dans un hôtel, » dit-il, soulignant les similitudes entre les défis d’André et ceux rencontrés dans l’industrie audiovisuelle.
L’une des clés du succès de Winter Palace repose sur la dynamique entre les acteurs. Pierre Monnard raconte un moment marquant du casting, lorsqu’il a vu Cyril jouer pour la première fois avec Manon Clavel, l’actrice incarnant Rose, l’épouse d’André. « Il y avait une alchimie immédiate, » dit-il, ce qui est le souhait de tout réalisateur.
Winter Palace marque une première collaboration entre la RTS et Netflix, donnant une visibilité internationale à cette production suisse. Pierre Monnard se félicite de cette association, qui a permis à la série de bénéficier de moyens financiers accrus, avec un tournage de 60 jours et plusieurs équipes de tournage. « Netflix et la RTS ont soutenu le projet sans être interventionnistes, respectant notre vision suisse et notre désir de montrer la Suisse authentique, » explique-t-il. Cette collaboration est également un pas en avant pour l’industrie audiovisuelle suisse, offrant un tremplin aux talents locaux. Cyril, qui partage son temps entre la France (on l’a vu récemment dans Les enfants sont rois) et la Suisse, se réjouit de voir des productions suisses gagner en envergure et en reconnaissance internationale. Des personnages internationaux font également partie de cette aventure, on mentionnera Clive Standen ou encore Astrid Whetnall.
Avec Winter Palace, Pierre Monnard et Cyril Metzger ont non seulement rendu hommage à un pan de l’histoire suisse, mais aussi posé un jalon important pour l’avenir de la production audiovisuelle en Suisse. À travers cette série, la Suisse se dévoile dans toute sa splendeur, entre paysages enneigés et défis de l’époque, rappelant au public l’importance de rêver grand et de persévérer, même face aux plus grands obstacles.