Dans Les enfants sont rois, Kimmy Diore et sa mère, Mélanie, sont les stars de Happy Récré, une émission quotidienne diffusée sur Youtube dans laquelle la petite fille y livre ses préférences en matière de jouets ou encore de nourriture. Le programme, suivi par des millions d’abonnés, est une affaire parfaiatement huilée et toute la famille Diore semble apprécier le succès. Mais lorsque Kimmy est enlevée en plein jour dans le parking souterrain de sa résidence, Mélanie, mais aussi tous ses fans, sont effondrés. Sara Roussel, brillante cheffe de brigade du SDPJ solitaire et taiseuse, est chargée de l’enquête. Ignorant tout des réseaux sociaux, elle va devoir rapidement se plonger dans ce monde virtuel et tenter de trouver, parmi la multitude de suspects, le ravisseur de Kimmy. Une mini-série événement déclinée en 6 épisodes à retrouver sur Disney+.
Voici l’un des questionnements posés par Les enfants sont rois, fiction librement adaptée du roman éponyme de Delphine de Vigan sorti en 2021. Une fiction intelligente qui aborde de manière complètement frontale l’utilisation des enfants sur les réseaux sociaux, ou ici, sur une célèbre plateforme de vidéos, et surtout leur degré de consentement dans cette entreprise. Une série disponible sur Disney+, dans laquelle Doria Tillier joue une mère de famille aimante, certes, mais animée par un désir quasi viscéral de partager sa progéniture – et par ricochet, elle-même un peu aussi – avec des inconnus assis derrière un écran dont elle ignore les réelles intentions. Mélanie ne considère pas qu’elle mette en danger l’intégrité de Kimmy (Vittoria Andreoli) et savoure même son succès sans vergogne aucune. À mille lieues de cette personnalité extravertie et peu encline à la retenue, Sara Roussel (Géraldine Nakache, décidément convaincante dans tous les registres) est un personnage énigmatique, dont la réserve cache de profondes failles. Un antagonisme humain, féminin, qui participe également à la réussite de l’écriture. Ces deux femmes n’ont, en apparence, rien en commun et pourtant, leurs blessures psychologiques, pas si différentes finalement, vont les aider à s’apprivoiser et à étonnamment se comprendre.
Au carrefour des genres, la mini-série oscille entre l’histoire sociétale et le drame humain, des typologies transcendées par ce qu’est réellement Les enfants sont rois : un thriller moderne et rythmé où les fausses pistes viennent anéantir les vrais espoirs de Mélanie et de son mari, Bruno (Sébastien Pouderoux, Sociétaire de la Comédie-Française). Un équilibre délicat que la série maintient cependant sans mal, en dosant savamment chacun de ces ingrédients. Et si le mystère derrière l’enlèvement de Kimmy reste vivace tout au long des six épisodes de la série, c’est que le réalisateur Sébastien Marnier (qui retrouve Doria Tillier, après L’Origine du mal) est parvenu à insuffler, grâce à une esthétique sombre, une atmosphère lourde particulièrement inquiétante. Alors, bien sûr les adorateurs du livre de Delphine de Vigan — qui a participé à la genèse de la série — ne manqueront pas de souligner les différences nécessaires à toute adaptation télévisuelle, mais dans le cas de la série, ces libertés artistiques ont permis de prolonger l’œuvre écrite et de donner naissance à une série haletante et maîtrisée de bout en bout.
Les enfants sont rois est une mini-série déclinée en 6 épisodes de 40 minutes à retrouver dès le 23 octobre sur Disney+.