L’année est 2037. La Norvège, autrefois un modèle de paix et de prospérité, a choisi l’isolationnisme extrême pour se protéger des crises mondiales. Un mur colossal entoure désormais le pays, le transformant en une forteresse autosuffisante. Cette vision du futur, aussi terrifiante que captivante, est le cadre de The Fortress, la nouvelle série dystopique norvégienne qui arrive sur Canal+. Lauréate du meilleur scénario à l’édition 2023 de Séries Mania, à cette occasion le showrunner John Kåre Raake et la réalisatrice Cecilie A. Mosli ont partagé leurs inspirations et les thèmes centraux de la série, dévoilant les dessous de cette œuvre qui pourrait bien devenir un classique du genre dystopique.
Créée par John Kåre Raake et Linn-Jeanethe Kyed, The Fortress explore les conséquences d’une décision politique radicale : se couper du monde pour préserver la « pureté » et la sécurité de la nation. L’idée de la série trouve sa genèse dans une situation politique hypothétique mais non moins troublante : la Norvège, face à des crises multiples —écologique, économique, et migratoire— élit un dirigeant charismatique qui prône l’isolationnisme. Le pays se retire du reste du monde, érigeant un mur pour se protéger de l’extérieur. Selon Raake, cette idée a émergé en 2014, à l’époque des premières vagues migratoires en Europe. « J’ai commencé à imaginer ce qui pourrait arriver ensuite. Beaucoup de choses se sont produites très rapidement, et cela m’a inspiré pour créer cette série », explique-t-il. Cette anticipation s’inspire aussi des événements réels comme la construction de murs en Hongrie et en Pologne. « Ce n’est pas seulement une question de guerres et d’immigration, mais aussi de ressources alimentaires », ajoute le showrunner, soulignant l’importance de la rareté dans cette dystopie. Ainsi, même les biens de consommation courants comme le chocolat et le café deviennent des luxes rares, soulignant l’isolement de la Norvège.
Cecilie A. Mosli, l’une des réalisatrices, a été particulièrement attirée par ce projet en raison de la critique implicite qu’il fait de la mentalité norvégienne. « Nous avons tendance à nous sentir supérieurs aux autres… mais ce mur, qui est physique dans la série, reflète la manière dont nous nous protégeons souvent en tant que nation, au détriment d’une vision globale », confie-t-elle. La série interroge donc le choix de se refermer sur soi-même et ses implications pour la société norvégienne, mais aussi pour le monde.
Les personnages de la série sont confrontés à des dilemmes moraux complexes. Une femme norvégienne, responsable de l’approvisionnement alimentaire du pays se rend compte que le mur, qu’elle désapprouvait initialement, fonctionne. Cependant, elle est forcée de questionner si cette solution est vraiment la bonne. Un politicien, quant à lui, refuse de voir les conséquences négatives de sa politique isolationniste, tandis qu’un réfugié voit la Norvège comme un paradis, ignorant les réalités sombres derrière ce rêve.
Russell Tovey, qui incarne ce réfugié, offre une performance poignante, humanisant un personnage souvent déshumanisé dans les discours sur l’immigration. Mosli explique que Tovey a été choisi pour sa capacité à exprimer la douleur, la résilience, et l’espoir, rendant son personnage profondément touchant.
À travers The Fortress, la série nous rappelle que dans un monde de plus en plus fragmenté, l’isolationnisme n’est pas une solution viable. Comme le résume Raake, « pour résoudre les problèmes que nous avons sur cette planète, nous avons besoin de tout le monde. Personne ne peut simplement décider de résoudre ses problèmes tout seul ».
Donc ce projet n’est pas simplement une série dystopique de plus, c’est un miroir déformant de nos peurs contemporaines, un avertissement sur les dangers de l’isolationnisme et une réflexion sur la nécessité de la coopération mondiale. Avec un casting puissant et une intrigue qui pousse à la réflexion, cette série est un incontournable pour ceux qui cherchent à comprendre les défis de notre époque à travers le prisme de la fiction.
Les trois premiers épisodes seront proposés à 21h ce soir sur Canal+ et sur myCanal pour un rythme hebdomadaire.