Shokuzai sur Arte : le poids écrasant de la culpabilité

Shokuzai, série à visionner sur arte.tv, se penche sur des trajectoires interrompues, ou du moins changées, par un moment tragique. Quelques minutes qui ont transformé pour toujours les vies de Sae, Maki, Akiko et Yuka, quatre petites filles qui ne sont jamais parvenues à surmonter le meurtre de leur amie Emili. Incapables d’aider les forces de l’ordre à retrouver le coupable bien qu’elles aient été les seules témoins du crime, elles sont maudites par la mère de la victime, ravagée par le chagrin, qui les condamnent à faire pénitence toute leur vie. Un carcan particulièrement oppressant qui va les diriger sur un chemin de vie sinueux fait de souffrance et d’avilissement.

Shokuzai : la pénitence à perpétuité

Comment fait-on pour vivre quand on ne se sent pas digne d’exister ? C’est là tout le questionnement de Shokuzai, pénitence en japonais, une mini-série à voir sur arte.tv qui se penche sur la vie de quatre petites filles vives et heureuses devenues des femmes à l’existence cassée. Adaptée du roman éponyme de Kanae Minato par Kiyoshi Kurosawa, la fiction japonaise de 2012 ne prend pas de pincettes quand il s’agit de décrire l’existence quasi insoutenable des héroïnes. Sae (Yū Aoi), qui a veillé le corps d’Emili pendant que ses camarades cherchaient de l’aide, a toujours refusé d’assumer sa part de féminité. Et lorsqu’elle pense – enfin – avoir rencontré l’homme idéal, son union tourne rapidement au cauchemar. De même pour Maki (Eiko Koike), devenue une enseignante passionnée, mais solitaire, qui va être la cible d’une jalousie malsaine. Akiko (Sakura Andō), elle, s’est enfoncée dans une profonde léthargie dont elle ne ressort qu’à la découverte d’une terrible vérité sur son frère. Quant à Yuka (Chizuru Ikewaki), elle a développé un cynisme à toute épreuve. Des destins brisés par la souffrance d’une seule et même femme : Asako (Kyōko Koizumi), la mère d’Emili. Et si on ne peut s’empêcher de détester ce personnage qui s’en prend injustement à des petites filles, on se dit que le chagrin peut parfois donner naissance à des comportements insoupçonnés. Pourtant, la narration du 5e et dernier chapitre se charge de remettre les pendules à l’heure pour Asako tout en offrant une résolution au meurtre d’Emili. En outre, Shokuzai se conclut sur un retournement de situation judicieux qui remet en perspective toute la souffrance injuste infligée à Sae, Akiko, Maki et Yuka et vient insuffler un peu de nuances dans un ensemble quelque peu manichéen.

Les cinq épisodes de Shokusai, le premier et le dernier de 1h15 min et les trois autres de 50min, sont à découvrir sur arte.tv depuis le 23 août.

Retrouvez Le Pitch Série en podcast :
   

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Marina