The L Word, ce fut une série épatante, étonnante, agaçante et essentielle qui marqua les esprits en six saisons, 70 épisodes, il y a déjà près de quinze ans. Qu’on soit gay ou pas, queer ou pas, qu’on aime les filles ou les garçons ou les deux, il se passait quelque chose de fort dans cette série qui dépassait de très loin son cadre.
The L Word, c’était d’abord, pour beaucoup, la première fois qu’on voyait autant de lesbiennes en si peu de minutes à l’écran. The L Word, c’était un coup de projecteur bienveillant, parfois amusé, (très) sexué et parfois carrément fou sur un monde peu raconté dans les médias traditionnels.
The L Word, c’était enfin, surtout, des personnages forts et attachants, dès le premier épisode. Shane, évidemment, Bette et Tina ensuite, Alice, Kit mais aussi la regrettée Dana (ma préférée) ou l’horripilante Jenny. Une galerie d’actrices épatantes qui portaient des scènes marquantes. Tout n’était pas parfait mais The L Word sentait le soleil, l’amour, la Californie, le sexe, la folie, la joie, l’amitié, le ciel comme limite et pas mal d’espoir, aussi, pour tous ceux et celles qui démarrent une vie amoureuse. The L Word, une série LGBT qui comptait et qui eut beaucoup, beaucoup de fans à l’époque.
Ce reboot, dix ans plus tard, est une fausse bonne idée. Probablement né d’une réunion brainstorming de fin de soirée, où le manque d’imagination remplace le culot : tiens, et si on rebootait une série qui a bien marché ? Allez, on fait rempiler les trois actrices principales, on leur donne à chacune un job en or, de l’argent et pas mal d’importance, comme ça, c’est réglé. Et pour attirer les jeunes qui désertent les téléviseurs et préfèrent leurs écrans de smarphone, on va appeler la série « Génération Q », en y glissant plein de nouveaux visages inconnus de moins de 25 ans. Sur un malentendu, ça pourrait marcher.
Hélas, ça ne marche pas. Ce premier épisode patine sérieusement dans des intrigues très peu crédibles ou carrément ennuyeuses (une affaire extra-conjugale qui met en péril une candidature politique, une overdose camouflée par une opération de com’, une ado qui vapote du cannabis en cachette, une présentatrice d’émission qui a du mal à trouver des invités…), la photo n’est pas jolie, les décors font carrément carton-pâte et les retrouvailles ne sont pas à la hauteur. « Le compte n’y est pas« .
A sauver : le plaisir de retrouver trois actrices immenses, l’idée de perdre quinze ans d’un coup (ça ne dure pas longtemps), le soleil et les paysages de Los Angeles qui font du bien en hiver et pas grand chose d’autre, hélas. Oui, tout le monde a bossé dur pour être au niveau mais ça se voit tellement. Rien n’est naturel. Dommage.