Mise à jour le 16 septembre 2024
Originellement pensée comme une mini-série, Shogun a rencontré un tel succès que la fiction intégrée au catalogue de Disney+, s’est transformée en fiction plus traditionnelle, déclinée en plusieurs saisons. En attendant de voir la suite, les dix premiers chapitres de cette fresque historique particulièrement passionnante lui ont permis d’être plusieurs fois nommés aux Emmy Awards 2024 aussi bien pour sa qualité technique que celle relevant des performances d’acteurs. Dimanche 15 septembre, le palmarès de cette 76e édition a été dévoilé, révélant que la série a remporté pas moins de 18 Emmy ! Un record pour une fiction non anglophone ! Outre les catégories techniques telles que meilleur montage ou meilleurs costumes, Shogun a remporté le prestigieux prix de la meilleure série dramatique ainsi que celui de la meilleure réalisation qui revient à Frederick E.O. Toye pour l’épisode Crimson Sky. Du côté des performances individuelles : Anna Sawai et Hiroyuki Sanada sont sortis vainqueurs dans les catégories de meilleure actrice et meilleur acteur dramatique alors que Néstor Carbonell a conquis le prix du meilleur acteur invité dans une série dramatique.
Publié le 27 février 2024
Shōgun est une adaptation du roman acclamé de James Clavell, qui a été un best-seller international une fois adapté déjà en film, en 1980. Cette nouvelle série offre une immersion technique et historique dans le Japon féodal du XVIe siècle. Pour les Occidentaux qui connaissent peu la période, le pays était plongé dans l’incertitude quant à la succession de l’héritier du shōgun, le seigneur de tous les seigneurs, après la mort du shōgun Toyotomi Hideyoshi en 1598. Sachant que les luttes de pouvoir entre divers seigneurs de guerre japonais vont être aussi influés par l’intrusion croissante des puissances européennes, principalement le Portugal et l’Espagne, un conseil des régents gère alors les affaires du pays. Mais la véracité historique s’arrête là et toute l’histoire du roman originel est une œuvre de fiction, tout comme ses personnages. La série a été créée par Rachel Kondo et Justin Marks (scénariste de Top Gun: Maverick) pour 10 épisodes qui commencent désormais sur Disney+.
Le point d’entrée dans ce monde inconnu repose sur John Blackthorne (Cosmo Jarvis), un navigateur anglais, qui se retrouve sur les côtes japonaises après le naufrage de son navire hollandais. Blackthorne et son équipage sont capturés par des soldats japonais et emmenés devant Toranaga-dono (Hiroyuki Sanada), l’un des seigneurs influents « les daimyos » du conseil des régents japonais. Au fur et à mesure que l’histoire progresse, Blackthorne doit naviguer entre les différentes factions en présence, se retrouvant souvent pris au milieu des conflits et des intrigues politiques. Sa relation avec Toranaga devient un élément central de l’intrigue, alors que les deux hommes développent une relation complexe basée sur la confiance et la méfiance. Si les jeux de pouvoir se révèlent dès le début, les acteurs importants sont introduits au fur et à mesure. Mariko par exemple (interprétée par Anna Sawai, la pop star qui fait son bout de chemin dans les séries américaines, comme son rôle dans Monarch: Legacy of Monsters), avec son passé de déshonneur, sert d’interprète entre Toranaga et Blackthorne. Sa relation avec l’étranger va également évoluer alors qu’elle est déjà mariée. Ces trois personnages sont les véritables points centraux de l’histoire et à eux vont faire pencher le destin du pays.
Des parallèles à Game of Thrones pourront être faits pour l’aspect politique, mais il n’y a pas de fantasy ni de géographie aussi éclatée dans Shōgun, et tant mieux. On a plus de temps pour s’intéresser et comprendre les personnages. Certes, des scènes violentes avec des jeux de lames rythmeront les épisodes mais on n’entre pas non plus dans l’ultra violence. En fait, la série américano-nippone nous propose surtout une vision du Japon médiéval sous un nouveau regard, en traitant également de la condition des femmes en plus des samurais plus souvent dépeints dans la pop culture. Et comme dans toute bonne série japonaise, les sens du devoir et de l’honneur sont omniprésents, et les conséquences se font connaître dès le premier épisode, où un vassal qui a dépassé les limites de la politesse se voit obliger de tuer son propre enfant. L’immersion est réussie, les décors et les costumes sont magnifiques, et si parfois le jeu des acteurs japonais peuvent étonner un public plus occidental, la dramatisation est telle que cela ne fait que renforcer l’authenticité de la série.
Il est certain qu’en une saison, toutes les thématiques n’auront pas le temps d’être explorées et seuls quelques chapitres du livre sont adaptés dans ce début de Shogūn, en attendant une potentielle suite sur Disney+.