Alors que la saison 1 de The End of the F***ing World nous avait laissé il y a plus d’un an avec la mort présumée de James sur la plage, voilà que la saison 2 est arrivée sur Netflix en ce début de mois de novembre. Si le temps est passé pour nous, il est aussi passé pour les personnages puisque l’action se déroule deux ans après les événements. Il faudra attendre un peu pour connaître les suites directes de ces dernières images car pour maintenir le suspense et introduire l’histoire de vengeance qui sera à l’origine de toute cette nouvelle saison, l’auteure a préféré repousser les révélations pour se concentrer sur le nouvel arc narratif.
!! ATTENTION : SPOILERS DANS L’ARTICLE !!
Une saison 2 très attendue après le succès de la première
Les attentes sont nombreuses car si la première saison était adaptée du roman graphique éponyme, celle-ci laisse libre cours à la créativité de la showrunner Charlie Covell. Or, on le sait les suites lorsqu’elles ne sont pas prévues ou lorsqu’elles dévient de leurs chemins originels peuvent donner de grands succès comme parfois se perdre complètement. Ici, la saison 1 avait plu notamment grâce l’originalité de ses personnages : James, l’adolescent convaincu d’être un psychopathe, et Alyssa, une jeune fille à la fois antipathique et attendrissante dont les provocations rythmaient le fil narratif de l’intrigue. Mais c’était aussi le ton noir et décalé des dialogues, la playlist envoûtante, et le mélange subtil entre la comédie et le drame, qui ont su séduire le public. Beaucoup d’éléments donc que le spectateur souhaitait retrouver dans ce deuxième volet tout en espérant de nouvelles surprises. Restait également le cliffhanger du coup de feu que l’on entend dans les derniers instants de la saison 1 alors que James tente de s’enfuir, signifiant très probablement sa mort. La fin, si elle était triste, paraissait clore parfaitement le road-trip des deux jeunes gens que l’on avait vu se rapprocher au cours des huit épisodes et dépasser leurs archétypes initiaux.
Une saison 2 décevante ?
Si cette seconde saison ne remplit pas toutes les attentes, elle n’est pas pour autant un échec. On peut lui reprocher une facilité du scénario, avec la reprise de la fuite en voiture et des incidents meurtriers sur le chemin, et dans le développement du nouveau personnage de Bonny, dont les traits de caractère peuvent rappeler ceux de James dans les premiers temps de la série. Néanmoins, là où cette seconde saison diffère et laisse une plus grand place à la voix de sa créatrice, c’est dans son traitement de l’actualité sans dévier de l’atmosphère si spécifique de l’oeuvre. Le thème de la violence faîtes aux femmes, qui était un élément important déjà de la première saison, est développée à travers l’histoire du Docteur Koch et de son ancienne élève et maîtresse, Bonny. Il avait à peine croisé la route des deux protagonistes lors de leurs aventures précédentes, mais était à l’origine de l’épisode le plus violent de ce premier volet qui incluait l’agression d’Alyssa et le meurtre du Docteur Koch. Bonny quand à elle, sera le nouveau personnage moteur de cette saison, puisqu’elle aura pour but de venger la mort de son ancien amant en tuant les deux adolescents.
On avait abordé alors le passé de cet homme, notamment pour légitimer l’acte de James mais Charlie Covell décide d’en faire son principal arc narratif en choisissant une de ses victimes précédentes pour démarrer cette seconde saison. Le choix n’est pas anodin alors que partout dans le monde, le patriarcat et les comportements violents des hommes vis à vis des femmes sont signalés et condamnés. Bien sûr, ce n’est pas le seul élément traumatique que doivent surmonter les personnages, mais c’est un des principaux obstacles qu’il faudra affronter pour se départir de la colère et de la tristesse qui les maintiennent dans des situations dangereuses ou violentes.
Finalement, c’est cette errance à la recherche d’un renouveau que met en scène Charlie Covell. Si autrefois, le malaise était celui de deux adolescents cherchant leurs limites, il s’est transformé en l’angoisse plus profonde de devoir faire face aux événements et à leurs répercussions. La saison est donc peut-être plus sombre, moins déjantée que la précédente, mais elle est plus en prise avec le réel. On peut cependant noter que la bande son, bien que trop présente, est toujours très juste et belle, la photographie ainsi que les dialogues gardent la même qualité, tout comme les acteurs que l’on prend vraiment plaisir à retrouver. La fin fait basculer dans un tout autre ton, presque naïf, qui pourrait à nouveau être une fin parfaite aux aventures d’Alyssa et James.
Article rédigé par Alice Caputo, membre de la communauté BetaSeries.