Déjà la saison 3 de The Crown, sur Netflix, la Royale Série consacrée à la vie d’Elizabeth II, la souveraine du trône Britannique régnant depuis 1953. Vous pensiez bien la connaître ? La presse people se nourrissant des frasques de ses enfants, petits-enfants, belles-filles, etc. depuis l’invention du ragot, cela pourrait être vu et revu, mais non, la série nous épate épisode après épisode, quitte à broder quelque peu sur la réalité. Quel pari, pour Netflix, de vouloir raconter une histoire réelle, sur un personnage toujours en vie, qui ne s’exprime (presque) jamais officiellement et qui ne commente jamais en public les faits et les drames. Never explain, never complain !
Renvoyer tout le casting ? Yes, Madam !
Il fallait oser, tout de même, renvoyer l’intégralité d’un casting entre deux saisons, et passer d’une quasi-inconnue de 35 ans (Claire Foy) à une star oscarisée de 45 ans, Olivia Colman, pour le rôle principal. Si les séries ont parfois besoin de faire oublier un personnage principal, suite à son décès ou à une maladie, elles rechignent à le remplacer. Le public pourrait fuir…et le fait, souvent, déçu d’un passage de relais qu’on lui impose (Jean-Pierre, le mari de Samantha, dans Ma Sorcière Bien Aimée, par exemple) et qui le dérange.
Dans le match imaginaire opposant Claire Foy à Olivia Colman, j’ai essayé de compter les points pour comprendre si ce changement de rôle était bénéfique ou pas à la série.
Première impression : c’est bien évidemment un choc que de voir arriver Olivia Colman dans le premier épisode de la saison 3. La scène où elle se regarde « jeune » en commentant le temps qui passe avec ironie est d’ailleurs devenue le teaser de la série. Il faut plus d’un bon épisode et demi pour faire oublier Claire Foy et quelques autres rôles phares du casting précédent comme Vanessa Kirby (Margaret). Avantage Claire Foy.
Look : Les deux actrices ne se ressemblent absolument pas mais incarnent chacune avec majesté (sic) le rôle. Claire Foy, en reine hésitante, marquait les esprits mais Olivia Colman, en retenue, en gravité, plus amère livre une interprétation in fine plus imposante sur toute la saison 3. Avantage Olivia Colman.
Jeu d’actrice : Impossible de comparer les deux actrices car chacune joue une partition différente, la reine de 1954 n’ayant rien à voir avec celle de 1965. Si Claire Foy provoque bien plus d’empathie, Olivia Colman n’est pas en reste et je me suis pris à l’aimer un peu plus, d’épisode en épisode. Egalité pour les deux actrices.
Alchimie avec les autres acteurs : J’ai trouvé le casting des deux premières saisons bien plus agréable que celui de la 3ème. A l’exception près d’une Helena Bonham Carter anthologique en Margaret, jouant à merveille le contraste avec sa soeur (ce n’est pas bien compliqué…), impossible de ne pas penser parfois à une Bellatrix Lestrange qui se serait égarée par erreur à Buckingham. Je trouve le reste du casting moins homogène, moins marquant. Olivia Colman semble parfois un peu seule dans son rôle et dans sa cour…Avantage Claire Foy.
Impression globale en finissant la saison : Un poil en dessous de la saison 2 qui était déjà un poil en dessous de la saison 1, la saison 3 de The Crown demeure ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle, en écriture, en jeu d’acteurs et en budget splendidement dépensé à l’écran. Le choix de changer d’actrice principale est payant puisqu’en fin de saison, il m’a semblé qu’Olivia Colman avait toujours été là. Au final, ce qui me gênait un peu en démarrant la série cette année, c’était de constater que le temps passe et que les choses que j’aimais ne sont pas éternelles. La finitude, voilà ce qu’Olivia Colman arrive à incarner à merveille. Que demande le peuple ? (de la brioche…) : oui, ce passage de relais n’est pas parfait, oui, il se fait dans l’inconfort sur le premier tiers de la saison mais oui, il s’avère payant pour le spectateur fidèle.
Olivia est Elizabeth, désormais. All hail to the Queen !