L’une des sorties locales au Geneva International Film Festival de cette année, c’était l’adaptation sur petit écran des Indociles. À la base, c’est une BD de Camille Rebetez et Pitch Comment qui plante son décor dans le Jura. Un Jura suisse bien sûr, dans les années 70 (à lire septante), en plein milieu rural. Là-bas, Chiara, jeune italienne immigrée, vient d’arriver dans le lycée de Lulu et Joe, deux meilleurs amis. À eux trois, ils représentent une jeunesse qui a envie de changement, rêvant de liberté. Cette liberté Lulu va tenter de la créer lui-même avec la ferme des Indociles, créée pour protéger les marginaux et les épris de liberté. C’est le début de leurs aventures qui vont s’étendre jusqu’en 2006. Cette mini-série de cinq épisodes commence le 8 novembre sur RTS 1 et sur Play Suisse et attend encore un distributeur chez nous.
Est-ce que la mode est au Jura ? Après Polar Park qui visite les montagnes françaises, voici donc Les indociles qui se pose dans les Franches-Montagnes suisses. Le sujet n’est pas vraiment le combat du canton du Jura et son conflit contre Berne (visiblement, cette thématique est souvent traitée par les œuvres suisses), non, là sur quatre décennies, on va suivre le chemin de trois amis et de leur lutte contre la toxicomanie et leurs démons intérieurs. Joane Siger va reprendre l’écriture avec Camille Rebetez pour construire une nouvelle histoire pour la télévision qui se détache un peu de la BD. Pour des néophytes de l’histoire suisse comme certainement beaucoup de Français·es, on peut trouver intrigant ce bout d’histoire. Et Les indociles propose un tableau poignant et fort de l’évolution de ce coin du pays helvétique. Analyse sociale de la ruralité, comme le dit si bien son auteur Camille Rebetez, ce n’est pas que des banques et des bourgeois en Suisse.
Delphine Lehecey réalise Les indociles avec un regard bienveillant sur ces personnages. Les acteurs, leurs versions jeunes pour les deux premiers épisodes et des versions plus âgées pour les trois derniers, dégagent une rage et une fureur de vivre. Compréhensible quand on a l’impression que le gouvernement ignore complètement les problèmes du quotidien qu’ils vivent au front. Les valeurs portées par la série résonnent aujourd’hui pour les résistants au système.
À l’occasion du GIFF, on a pu rencontrer Delphine Lehecey et Camille Rebetez qui nous expliquent comment cette nouvelle version des Indociles a pris vie.