Vous avez fini Stranger Things depuis des semaines ? Vous avez avalé Chernobyl en une journée ? Vous vous languissez de the Crown saison 3 ?
Allez, je suis sûr que vous avez raté le guilty pleasure du printemps, la série outsider dont presque personne n’a parlé et qui pourtant se dévore sans la moindre difficulté, se payant même le luxe d’avoir été renouvelée pour une seconde saison, alors qu’elle a si peu ou si mal exploité tous les enjeux mis en place pendant ses 10 premiers épisodes.
Oui, je vous le confirme : vous devriez regarder The Society. Laissez les spécialistes se déchirer sur les séries phares de la rentrée dont tout le monde va vous rabattre les oreilles (oui, même nous). Vous, vous aurez un avis sur les deux dernières minutes du finale de The Society. Et sur cette fameuse dernière scène…qui remet tout en question ! (Attention, spoilers)
La plus grande qualité de The Society, c’est son casting d’inconnus au bataillon, ou presque. Une belle brochette de talents qui méritent tous d’être découverts ou…de perdre la vie dans un épisode sans crier gare. Pas de star = pas de pass magique pour survivre à un cliffhanger #jdcjdr Qui donc va survivre ? Attention, surprises…
Difficile de rater une intrigue pareille avec un si bon pitch de départ et bien pourtant, si : les scénaristes passent régulièrement à côté de leur sujet pour y revenir sans la moindre grâce un épisode plus tard. Et ça marche ! Des sous-intrigues dignes d’une mauvaise telenovela nous passionnent et on oublie régulièrement la raison pour laquelle on regarde le show à la base. Un épais mystère d’origine surnaturelle ? Quel mystère, enfin ? Parlons plutôt d’amour, de grossesse, de bal de prom ou de violence conjugale. Et si possible longuement.
Compliqué de réunir un casting plus inclusif sans tomber dans le cliché (dans lequel certaines séries peuvent se vautrer, comme le très politiquement correct Years & Years) mais pas là. The Society réussit un tour de force : chaque personnage a droit à son moment d’émotion, chaque garçon et chaque fille, au détour d’une scène ou de quelques phrases peut exprimer toute sa différence et sa difficulté d’exister dans un monde qui ne laisse rien passer à personne.
Ce qu’il y a de fort dans The society, c’est le message résolument positif qui se dégage de la série, malgré un fond angoissant et un avenir potentiellement sombre pour les héros. Un peu comme la menace écologique : si chacun retrousse ses manches et sacrifie un peu de son confort, tout le monde pourra s’en sortir. Evidemment, comme dans la vraie vie, cela ne se passe ni sans heurts, ni sans sacrifices mais le jeu en vaut la chandelle ! Le message d’espoir de The Society fait du bien.
Adapté plus ou moins librement du roman de William Golding, The Society réussit à renouveler un genre pourtant déjà bien (ou mal) traité des milliers de fois : le survival. Difficile de savoir si les héros sont pris dans un immense « Truman Show », égarés dans un univers parallèle ou tous morts. J’avoue : je m’en fiche presque et je pense que nous ne le saurons jamais. Le vrai plaisir réside dans la manière dont leur société doit se réinventer pour survivre, en gardant le meilleur de leur passé commun. Que fait-on d’un criminel quand le système judiciaire a disparu ? Doit-on le défendre, peut-il prétendre à un avocat ? Un des meilleurs épisodes de la série.
La série a été tournée dans le nord-est des USA et ça se voit ! Une des plus belles régions du pays, en été comme en hiver dont on profite pleinement, sur plusieurs saisons. West Ham, le village imaginaire dans lequel les héros évoluent est en fait un composite de plusieurs lieux mais les scènes sont tournées en extérieur, en décor réel, et ça donne une intensité et un réalisme frappant à la série. Bien envie d’aller découvrir les lieux en automne, lorsque toute la région se transforme en une immense forêt rouge, jaune, verte sur des milliers de kilomètres !
Je l’avoue, je serai déçu par le dénouement et je pense que la série ne dépassera jamais sa deuxième saison, en raison de ses faiblesses. Mais, tout de même, je suis hyper curieux de savoir d’où sort cette étrange odeur et qu’est-ce qui entoure véritablement le village. On peut même imaginer, à la Lost, que des habitants hostiles habitent dans les bois et attendent leur heure pour en sortir…Ouch…Vivement la suite !