Rendez-vous derrière les barreaux pour découvrir Black Bird, le thriller signé Dennis Lehane qui fait office de showrunner dans la série d’Apple TV+. L’histoire est adaptée du roman autobiographique de Jimmy Keene qui a sorti In With the Devil son titre originel co-écrit avec Hillel Levin. Condamné pour trafic de stupéfiants et possession illégale d’armes à feu, l’assistant du procureur lui propose un deal peu commun : s’il aide le FBI à soutirer les aveux d’un potentiel tueur en série Larry Hall qui aurait tué 14 filles, détenu dans une prison à sécurité maximale, sa peine de 10 ans sera effacée. Jimmy va tenter de faire ami-ami avec Larry tout en évitant de se faire massacrer.
En série, Taron Egerton prête ses traits à Jimmy Keene et l’incarne avec un style certain. Le regretté Ray Liotta joue son père, un ancien flic, pour son dernier rôle sur petit écran. Plusieurs fois, pour mieux comprendre le personnage de Jimmy, des répliques rappellent que s’il a été trafiquant c’était pour subvenir aux besoins de ses parents et de le rendre en « bon gentil » aux yeux du public. À leurs côtés, on reconnait Paul Walter Hauser qui reprend un rôle similaire à celui de Richard Jewel, le benêt qui cache autre chose. Et les forces de l’ordre sont représentées par Sepideh Moafi et Greg Kinnear. Toutes les performances sont de haut vol et se complètent les unes des autres. Les entretiens privés rappelleront les enregistrements de Mindhunter, où on ne sait pas si la personne en face de nous ment ou dit la simple vérité. Qui est le manipulé et qui est le manipulateur ? Toutefois, la différence principale avec la série de Fincher réside du point de vue de la narration. Dans ce dernier, les profilers tentent de comprendre objectivement leur tueur en série alors que dans Black Bird, l’enjeu est de le faire peut-être avouer pour le faire tomber et on prend le parti de Jimmy.
D’un côté, la prison, de l’autre l’enquête extérieure, ces deux arcs progressent parallèlement pour ne pas trop nous enfermer. Certains personnages auraient bénéficié d’un développement plus abouti, mais le véritable prodigue de l’histoire, c’est vraiment Taron Edgerton.
Ce true crime prouve encore une fois qu’Apple TV+ possède ce petit truc en plus. Que ce soit la musique de Mogwai le groupe de rock écossais qui signe la bande-sonore, ou la photographie sans fausse note, on a l’impression de voir une bonne série qu’on aime ou pas le genre. Et bien sûr, le talent de Dennis Lehane consolide l’ensemble.
Dans ses six épisodes d’une heure sous haute tension, le spectateur pourra parfois trouver des dialogues un peu longs, surtout avec le rythme parlé de Hall. Pourtant, ce sera difficile de commencer Black Bird sans vouloir la terminer.