Avec Télé 7 jours, découvrez le programme qui fait l’actu à la télévision. Focus sur le téléfilm Clèves diffusé le vendredi 10 juin à 20h55 sur Arte et arte.tv, où le réalisateur Rodolphe Tissot y porte un regard fiévreux sur l’adolescence et offre à ses comédiens une partition troublante, révélant au passage une étoile, nommée Louisiane Gouverneur.
Au départ, il y a le roman Clèves, en partie autobiographique, de Marie Darrieussecq, sorti à l’été 2011. L’auteure y évoquait l’éveil à la vie amoureuse et sexuelle d’une jeune fille de 15 ans, dans un Sud-Ouest imaginaire des années 80, en trois parties distinctes : « Les avoir » (les règles), « Le faire » (l’amour) et « Le refaire » (l’amour encore). Pour Rodolphe Tissot, le réalisateur de ce film pour Arte, c’est un choc. Littéraire et personnel. « J’ai été profondément touché par cette écriture, très crue, mais aussi drôle et poétique. J’avais abordé le sujet de l’adolescence dans mes courts-métrages et, depuis longtemps, j’avais envie d’approfondir la question. En lisant Clèves, je me suis dit que c’était exactement le film que je voulais faire ». Très vite, l’écrivaine donne son accord et carte blanche au metteur en scène. La Solange des années 80 atterrit dans les années 2000. « Même si la société a changé, je pense que les émotions adolescentes sont toujours les mêmes », confie le réalisateur.
Il lui faut alors trouver sa Solange, celle qui va incarner la lycéenne, objet de tentation. Celle qui va séduire Vittoz, son voisin et babysitter quadragénaire, incarné par Vincent Deniard. Ce sera Louisiane Gouveneur, 19 ans. « Elle était lumineuse, capable de jouer sur plusieurs registres, et elle dégageait une confiance qui résonnait avec le désir de Solange de devenir comédienne. Avec la directrice de casting, Julie Allione, nous avons fait beaucoup d’essais, jusqu’à explorer des scènes difficiles, et Louisiane s’est imposée. » Mais saisir ce personnage ambigu n’a pas été aisé pour la jeune actrice. « À la première lecture, j’ai fait un rejet du personnage, je ne la comprenais pas, je ne comprenais pas ses choix, je la trouvais méchante. Il m’a fallu attendre de travailler dessus pour apprendre à la connaître, à l’aimer et à la défendre », confie Louisiane Gouverneur, révélation du téléfilm.
L’un des plus grands défis de l’histoire ? Montrer l’intimité et la sexualité de ce couple interdit. Face à ce sujet sensible, le réalisateur sollicite, afin de bien faire les choses, Maryam Muradian, coach pour les comédiens enfants et adolescents. Elle s’improvise coordinatrice d’intimité, une pratique devenue monnaie courante dans les pays anglo-saxons. « Nous avons procédé vraiment en douceur, petit à petit, raconte Vincent Deniard. On a commencé par des exercices de mise en confiance, d’échanges corporels, habillés. Puis nous sommes allés à la piscine, ça nous a permis d’appréhender nos corps un peu plus dénudés. Enfin, nous sommes entrés dans le vif du sujet, en chorégraphiant de A à Z les scènes de sexe, pour qu’il y ait le moins de gêne possible sur le tournage. C’était très important pour moi que Louisiane soit en confiance. » L’œuvre, sensible et flamboyante, a remporté, en 2021, le prix de la Meilleure réalisation au Festival de la fiction de La Rochelle, et a valu à Louisiane Gouverneur le prix Jeune espoir féminin Adami. Une étoile est née.
Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec Télé7Jours par Amandine Scherer