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Les particules élémentaires (France 2) : la fiction à la télé cette semaine

Avec Télé 7 jours, découvrez le programme qui fait l’actu à la télévision. Cette semaine, coup de projecteur sur « Les Particules élémentaires » sur France 2, adaptation libre du best-seller de Michel Houellebecq diffusée le lundi 31 janvier à 21h10. Une version édulcorée, mais peut-être pas tant que ça…

« L’important, quand on adapte un auteur, est de ne pas trahir l’esprit. Encore qu’adapter, c’est déjà trahir. Ai-je été un bon traître ? Là est la question », confie Gilles Taurand, scénariste de cette version du best-seller du sulfureux Michel Houellebecq. Ce roman, paru en 1998 chez Flammarion, décrit l’évolution des mœurs sexuelles et sociales depuis la fin des années 50, à travers le des- tin de deux demi-frères, aux antipodes l’un de l’autre : Michel Djerzinski, un chercheur en biologie moléculaire (Jean-Charles Clichet), et Bruno Clément (Guillaume Gouix), un prof obsédé sexuel. Les deux hommes sont, par ail- leurs, affligés d’une mère absente (Pascale Arbillot), imprégnée d’idéologie soixante-huitarde.

Élagage

Une adaptation dont la noirceur et la dimension scabreuse ont été sensiblement édulcorées. Un élagage qu’explique Gilles Taurand : « Quand on connaît le goût de Michel Houellebecq pour la provocation et le scandale, je n’avais pas envie d’insister sur les suicides ou l’hypersexualisation. Les séances de Bruno avec son psychanalyste, où il évoque sa détresse sexuelle et sa souffrance, vécues comme un malheur, m’ont semblé plus intéressantes. On a quand même gardé ces séquences de masturbation répétitives, et ce moment où Bruno, harcelé par ses camarades, se fait uriner dessus dans les sanitaires de l’internat. On ne pouvait pas en faire l’économie, car c’est à partir de cette humiliation que l’adolescent va souffrir du syndrome du micropénis. Un complexe qui le poursuivra toute sa vie. »

Les deux faces de l’auteur

Pour Anne Holmes, responsable de la fiction à France Télévisions, Gilles Taurand et Antoine Garceau, le réalisa- teur, ont fait un travail d’orfèvre, pour ne pas dire d’équilibriste : « Proposer du Houellebecq à une heure de grande écoute, dans la catégorie moins de 12 ans, tout en gardant l’esprit et l’ironie du roman, relevait de la gageure. Ils s’en sont acquittés admirablement. »

Quant aux acteurs, ils sont fascinés par l’écrivain : « C’est l’un de mes auteurs préférés, avoue Pascale Arbillot, qui incarne Janine Luciani, la mère fantasque. Pour moi, il n’est pas du tout choquant, bien au contraire. J’ai l’impression qu’il me parle avec une vérité absolue. » Jean-Charles Clichet, qui a aussi tout lu de l’écrivain, voit en lui un homme d’une grande sensibilité. Pour lui, les deux frères sont les deux faces de l’auteur : « Ça a été un cadeau de jouer une version possible de Michel Houellebecq. À mes yeux, c’est un antihéros romantique. » Quant à Guillaume Gouix, s’il avoue ne pas être un grand lecteur de Houellebecq, il reconnaît avoir eu du plaisir à jouer le personnage de Bruno : « C’est telle- ment jouissif d’avoir accès à autant de névroses, de cynisme et d’insolence. » Le mot de la fin revient à Gilles Taurand : « Le paradoxe Houellebecq, c’est à la fois cette froideur clinique affichée et une hypersensibilité pour tout ce qui se passe autour de lui. »

Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec Télé7Jours par Hacène Chouchaoui

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