Roulez Jeunesse raconte l’histoire de deux centenaires qui retrouvent leur vingt ans, un projet porté par Jean Adrien, cascadeur de métier. Beaucoup d’humour, pas mal de tendresse et un brin d’insolence, c’est le cocktail que propose cette websérie et qui l’a menée aujourd’hui à concourir pour le Prix du Public Webséries au Festival de Luchon. Nous lui avons donc demandé de répondre à nos quelques questions, avec à la clé, des anecdotes très croustillantes…
Pouvez-vous vous présenter et expliquer en quelques mots votre projet ?
Je m’appelle Jean Adrien, je suis cascadeur de métier. En parallèle de la cascade, j’ai réalisé une websérie : « Roulez Jeunesse ». Il s’agit de l’histoire de deux vieux messieurs qui retrouvent leurs apparences de jeunes hommes. Ils décident de se réintégrer dans la société d’aujourd’hui.
Pourquoi choisir ce format en particulier ?
Après avoir porté à bout de bras la diffusion en salle d’un long-métrage que j’avais réalisé et auto-produit, j’étais complètement rincé. Faire ça tout seul revient à perdre ses cheveux. En revanche, diffuser une série sur le net, c’est un moyen simplissime pour que sa création soit vue sans le moindre effort. De plus le web est un lieu démocratique par excellence. J’aime l’idée d’aller cueillir un public sur le net qui n’est pas forcément sensible au cinéma. J’ai pris ça comme un challenge, c’est un bon exercice pour se mettre en danger et se confronter à un public intransigeant.
Comment s’est formée l’équipe ? Les acteurs ont-ils passé un casting ? Comment avez-vous recruté les techniciens ?
Tous les acteurs et actrices sont en grande partie des copains, ce sont presque tous des gens du cinéma : acteurs, actrices, cascadeurs ou cascadeuses. J’ai fait passer qu’une seule audition pour un rôle et ça m’a fendu le cœur de trancher, ce n’est pas mon truc. Pour ce qui est du cadre, c’est mon ami Jonathan Taieb qui s’y est principalement collé, il est aussi réalisateur et nous avons échangé beaucoup pendant l’écriture, il perçoit donc très bien le regard que je veux amener. La caméra passe aussi dans les mains d’amis cadreurs disponibles ou d’assistants et assistantes occasionnels.
Le tournage s’est étalé sur deux ans et demi donc c’est à qui est disponible à l’instant T. La capitale ne manque pas de techniciens, même de dernière minute. Il en est de même pour l’ingénieur son qui varie selon les épisodes. Le plus sollicité est Augustin Parsy qui s’est occupé du mixage. C’est un gars que j’ai appris doucement à connaître et qui a une grande sensibilité. Comme beaucoup de son espèce il est aussi un (excellent) musicien. L’équipe technique est donc constituée d’un cadreur, un ingénieur son et c’est tout… De temps en temps il y a un ou une assistante en renfort. Et le chef op, c’est les ampoules, les réverbères, le soleil ou la lune, et c’est déjà pas mal ! Il y a aussi Armando, le compositeur. Ses belles œuvres sont jouées à travers le monde, mais il n’est pas encore connu dans le cinéma. Il y a en lui du Ennio Morricone, du Michel Legrand, mais surtout de l’Armando Ghidoni. Il apporte la poésie et nous guide vers une dimension grandiose. Le travail avec lui est immersif et passionnant. C’est une chance inespérée pour la série.
Comment est venue l’idée de Roulez Jeunesse ?
Avec Günther (qui joue le personnage de Lucien), on est arrivés sur Paname en même temps à l’adolescence, et bien que tout de suite séduit par la ville, on ne s’est jamais fait au parisianisme ambiant et au parfum des jeunes de notre époque. On a toujours préféré les bistrots ou les brasseries aux fast-food, les petits endroits dansants aux boîte de nuits… et on s’est rapidement tournés vers le théâtre. On eu la chance d’être mélangés à toutes les générations dans la joie et la convivialité. Ajouter à cela la consommation d’un tas de vieux films et la fréquentation de vieux acteurs, de titis, le milieu des cascadeurs, etc. C’est naturellement qu’un jour Günther me dit que ce serait poilant de jouer des rôles de vieux dans des corps de jeunes. Je l’ai noté dans mon calepin et dix piges après on s’est mis au turbin. C’est une manière de rire du décalage qu’on vit souvent.
Que voulez-vous que les spectateurs retiennent de Roulez Jeunesse ?
Ils retiendront ce que leur subjectivité aura perçu. Je cherche simplement à stimuler les sensibilités de chacun.
Une anecdote à raconter sur le tournage ? Un épisode marquant à tourner ?
Il y a une anecdote pour chaque journée de tournage ! On a presque pas de moyen et tout est sauvage je vous laisse imaginer…
– Prendre des acteurs et des actrices dans la rues.
– Improviser des scènes chez des commerçants.
– Les concierges/sentinelles qui font tout pour nous jeter des cours ou des escaliers.
– Tourner dans ou depuis les taxis.
– Filmer depuis des coffres de voitures, prendre des sens interdits.
– Mentir aux flics pour avoir la paix.
– Passer à deux doigts d’une embuscade à Barbès.
– Tourner en triporteur sur des voies piétonnes.
Tout est très rapide, intuitif et instinctif, on a pas le choix…
Une fille chez qui on a tourné, me faisait réaliser de la violences de nos rapports entre nous, parfois. C’est vrai que quand on est pressés par le temps et qu’il faut prendre des décisions rapides, la politesse part en congé. Mais les tensions sont superficielles et elles sont dissipées par l’idée d’aller de l’avant.
Il y a un truc qui me revient, c’est qu’à un moment, on a improvisé une scène chez une dame dont le mari était parti au boulot, et au moment de tourner, j’avais oublier que le comédien était à poil, elle l’a découvert en même temps que je me suis souvenu qu’il fallait que je la prévienne. Trop tard, Il était là, décontracté dans sa cuisine… et finalement ça ne l’a pas dérangé plus que ça, on s’est tous poilé. En revanche on s’est quand même pris une main courante pour l’avoir filmer se balader nu comme un ver proche d’un village.
Comment et pourquoi vous êtes-vous inscrits au Festival de Luchon ?
Tout le monde nous a conseillé d’y aller. C’est LA référence en France pour les séries. On a envie de partager tout notre travail.
Ça représente quoi pour vous d’avoir été sélectionné ?
Ça touche en plein cœur car ce genre de reconnaissance est essentiel pour avancer. C’est rassurant. Cette sélection est déjà une victoire pour l’équipe.
Instant pub : pourquoi est-ce que vous devriez remporter le prix du public ?
Pour honorer le gens qui m’ont tendu la main sur ce projet. Ils sont nombreux et ont tous donné beaucoup d’eux-même. Gagner quelque chose serait un sacré encouragement pour moi mais aussi tout ceux qui ont cru en moi et sans qui je n’aurais rien fait.
Dernière question : vous utilisez BetaSeries ?
Pas du tout, mais j’ai découvert. À l’heure où les séries explosent, un site comme celui-là est essentiel. J’ai vu que le forum était très actif. Je me suis fait un compte du coup…