La nouvelle saison d’American Crime Story est récemment sortie sur Canal+ et c’est l’occasion de faire une reco du weekend sur le thème des séries en rapport avec les tribunaux. Et là, certains entendront l’effet sonore DUDUM de Law & Order (ou pas).
On commence donc par la saison 3 de l’anthologie de monsieur Ryan Murphy. Toutes les saisons précédentes ont raflé des prix que ce soit aux Emmy Awards ou aux Golden Globes et vu la qualité de cette nouvelle saison, nul doute qu’elle y passera aussi.
Impeachment s’attarde sur l’affaire Monica Lewinsky qui a secoué les États-Unis sous le mandat de Bill Clinton. En 1998-1999, la stagiaire à l’époque avait porté plainte contre le Président des États-Unis pour harcèlement sexuel. Une procédure de destitution (impeachment) avait alors été lancée contre Clinton pour parjure et obstruction à la justice. La saison retrace avec brio les implications et les conséquences d’une telle accusation portée par une femme lambda envers une figure politique proéminente. On vous parle d’un temps avant #MeToo, quand le harcèlement sexuel était normalisé dans l’environnement professionnel (peut-être que c’est toujours le cas aujourd’hui, mais au moins certaines personnes osent dénoncer à voix haute) et quand rares étaient les personnes qui croyaient la victime.
Alors oui, peut-être que Ryan Murphy surfe sur la tendance, et peut-être qu’Impeachment reste un divertissement plein de trop bons sentiments et caricatural, mais il n’empêche que. Que les actrices sont excellentes (quoi qu’on en pense du bad buzz autour du fat suit de Sarah Paulson) surtout Beanie Feldstein qu’on n’arrête plus. Que le sujet n’avait jamais été traité sous cette forme en tant que fiction à la télévision. Que Monica Lewinsky est elle-même rattachée au projet en tant que productrice exécutive donc qu’on donne vraiment la parole à la victime. Beaucoup d’arguments en défense de cette saison qui vaut le détour.
Quand des sériphiles parlent de meilleure série actuelle, il n’est pas à exclure que certaines personnes mentionnent The Good Fight. Le spin-off de The Good Wife du couple Robert et Michelle King a l’avantage d’être diffusée sur la plateforme digitale de CBS et bénéficie d’une liberté plus grande qu’une simple série de network. Sa force ? Flirter juste assez avec le politiquement incorrect pour montrer l’absurdité du monde d’aujourd’hui tout en soulignant ce qui va et ne va pas. Il s’agit d’une véritable satyre sociale dont le sujet du racisme est prépondérant puisqu’on y suit un cabinet d’avocats majoritairement Afro-Américains à Chicago. Christine Baranski, Cush Jumbo (partie à la dernière saison), Sarah Steele et Audra McDonald composent le casting principal majoritairement féminin.
L’actualité est au cœur de la série, à rebondir sur des faits divers tout frais mais sans le recul d’un The Newsroom ou même d’un The Morning Show, les scénaristes battent le fer tant qu’il est chaud. Très drôle malgré les sujets diablement sérieux qu’elle aborde, The Good Fight équilibre parfaitement tous les ingrédients d’une bonne série. Le ton incisif se démarque des nombreuses séries actuelles et les King ne connaissent de rivaux qu’eux-mêmes avec leur autre production en cours, Evil. Ah oui, et si pour vous convaincre il faut préciser qu’ils sont anti-Trump, voici.
Pour l’anecdote, Selena Gomez a elle-même twitté à propos de la série dans la dernière saison, négativement car elle n’avait probablement pas tous les éléments du contexte malheureusement, mais ça montre à quel point la série est vraiment dans l’ère du temps. La saison 6 sera là l’année prochaine et les premières sont disponibles sur Prime Video.
Vous vous rappelez peut-être de Damages, avec ses cinq saisons de 2007 à 2012 ? Un format innovant à l’époque, chaque saison de la série de FX avait un fil rouge unique et le premier épisode annonçait déjà l’issue de la saison. Mais le chemin pour en arriver là, c’était ça le plus intéressant, plein de tension et d’obstacles semblant insurmontables.
Rose Byrne (Physical) interprétait une jeune avocate fraîchement diplômée qui trouvait une mentor en la personne de Glenn Close, un ténor du barreau. On retrouve également Ted Danson (The Good Place) dans un registre loin d’être comique. De l’inexpérimentée et naïve avocate, pleine d’ambition tout de même, Ellen Parsons devient un requin aussi à l’affût que sa mentor Patty Hewes pour le meilleur et pour le pire. Elle fait tomber un milliardaire, prend des décisions douteuses, tout ça sous l’œil aiguisé de son aînée.
L’écriture était vraiment ce qu’il y avait de mieux co-créée et co-écrite par le trio Daniel Zelman, Glenn et Todd A. Kessler qui a travaillé sur Bloodline par la suite. On peut dire que la série jouait dans la même cour que Mad Men qui avait débuté la même année. Quelque part, elles se ressembleraient presque avec cette même plongée dans les psychés complexes de ses personnages, des relations familiales compliquées et beaucoup trop d’ambition professionnelle. Les autres saisons accueillaient Ryan Philippe (Shooter), Lily Tomlin (Grace and Frankie) ou encore Chris Messina (The Mindy Project). L’intégrale de la série est à découvrir sur Prime Video.