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Interview Luchon #1 : à la rencontre du créateur des Seigneurs d’Outre Monde

Vous le savez, depuis le 4 décembre, vous avez un choix à faire : quelle websérie mérite de recevoir le Prix du Public lors de la 20e édition du Festival des Créations Télévisuelles de Luchon. Pour aiguiller votre votes, nous publierons chaque semaine l’interview de l’une des webséries en compétition et pour commencer, on a un peu discuté avec Rémi Hoffmann, créateur des Seigneurs d’Outre Monde. Il nous raconte donc l’histoire de cette websérie qui mélange les genres, de ses références dans la culture fantastiques jusqu’au tournage, parfois fastidieux en passant par sa sélection au Festival de Luchon…

Pouvez-vous vous présenter et expliquer en quelques mots votre projet ?

Je suis Rémi Hoffmann, 37 ans, réalisateur et monteur en publicité, clip, brand content et fiction. Je suis à l’origine de notre gros projet Les Seigneurs d’Outre Monde. À la fois co-scénariste, réalisateur et bien d’autres postes.

Les Seigneurs d’Outre Monde, c’est un très gros défi que nous nous sommes lancés il y a 8 ans maintenant : créer un long métrage médiéval fantastique. Ce qui n’existe pas en France, alors que le public est très demandeur. Nous avons donc fait un long-métrage… qui est aussi une websérie. Et cela sans aucun financement ! Tout d’abord avec une petite équipe, qui s’est étoffée au fur et à mesure jusqu’à regrouper 280 participants. Ils sont tous bénévoles : professionnels et amateurs de l’audiovisuel, du spectacle vivant mais aussi de la reconstitution historique.

Pour créer cette épopée féérique dans un univers original reprenant les grands codes du genre mêlant humour, magie, amour et batailles nous avons tourné aux quatre coins de France dans les lieux du patrimoine culturel. À ces tournages s’est ajoutée toute une équipe de post-production dont 20 graphistes qui ont créé près de 600 plans truqués en 2D et 3D, allant de matte painting, à des effets de magies, des trolls et démons et même un dragon mécanique (car notre histoire, même si elle est axée sur un univers médiéval, mêle aussi une part de Steam Punk) ! Enfin nous avons eu la chance d’avoir deux compositeurs qui ont créé plus de 60 musiques spécialement pour le projet, dont les grands thèmes ont été enregistrés en orchestral symphonique.

Pourquoi choisir ce format en particulier ?

Nous sommes en 2017, il y a de nombreuses façons d’aimer la fiction, de développer une narration et d’aimer suivre des aventures. Si notre histoire est tout d’abord conçue pour être vue comme un film, d’une traite, elle est lisible de façon découpée car de nombreux rebondissements et « cliffhanger » la ponctuent. Un format de 10 épisodes de 15 minutes (et un prologue) est donc, pour beaucoup de spectateurs, plus facile à visionner pour découvrir l’oeuvre pour ensuite la voir dans son intégralité. Tous nos épisodes sont très différents : si les premiers sont plutôt sombres, les suivants amènent plus d’humour et de plus en plus d’action.

Comment s’est formée l’équipe ? Les acteurs ont-ils passé un casting ? Comment avez-vous recruté les techniciens ?

Certains sont des amis de longues dates avec qui nous avions fait des fanfilms notamment. D’autres sont des collègues de travail. Pour les acteurs principaux, beaucoup ont été pris sur casting et sont devenus des amis depuis. C’est ainsi que nous avons pu avoir des acteurs avec une grande habitude à la fois du théâtre et du cinéma. Beaucoup de participants nous ont découvert au fur et mesure du temps par les diffusions de nos teasers, de nos making-of ou dans la presse. Nous avons eu beaucoup de volontaires qui se sont présentés. Ils étaient musiciens, techniciens son et images, mais aussi cascadeurs, cracheurs de feu, escrimeurs, et reconstituteurs historiques (principalement Normand XIe siècle, et Viking IXe siècle)…

Comment est venue l’idée des Seigneurs d’Outre-Monde ?

J’ai, depuis toujours, baigné dans les univers légendaires et historiques, à la fois grâce un père professeur d’histoire qui nous a donné goût à ces aventures. Un grand frère qui m’a aussi fait connaître toute la culture fantastique. Que ce soit à travers la lecture (les contes de Grimm), les films (Willow, Le Seigneur des Anneaux) les BD (Thorgal, Donjon & Dragon), mais aussi les jeux vidéos et jeux de sociétés. C’était une évidence pour moi de travailler dans ce genre-là. L’histoire est donc venue la fois de l’envie de rendre hommage à ce genre qui fait rêver beaucoup de spectateurs, mais avec une nouvelle approche : un ton à la humoristique, grave et étrange. J’ai toujours aimé l’idée, à travers un concept qui peut paraître « enfantin », de développer des personnages moins manichéens qu’ils ne pourraient sembler et d’aborder au fond des thèmes très actuels.

Que voulez-vous que les spectateurs retiennent des Seigneurs d’Outre-Monde ? Deux choses principalement : à la fois sa forme, cette « performance » d’une incroyable aventure humaine de 8 ans ayant réuni autant de monde autour d’elle. Et son fond : toute l’histoire dans laquelle ils se laisseront embarquer, pour une vraie immersion dans ces contrées magiques. Les Seigneurs d’Outre Monde, c’est un voyage à la fois pour les personnages et pour les spectateurs.

Une anecdote à raconter sur le tournage ? Un épisode marquant à tourner ?

Nous avons bien sûr de nombreuses anecdotes, certaines plus racontables que d’autres… Nous avons dû braver les éléments plus d’une fois : entre la pluie, le froid, la chaleur… Tourner avec des animaux était aussi un vrai défi ! Entre les chevaux qui n’étaient parfois pas très coopératifs, les sangsues dans les marais (oui, oui, mais nos acteurs s’en sont bien tirés heureusement) et les chauve-souris… Mais ce fut surtout des instants marquants, comme les tournages de banquets autour du feu et les nuits dans la paille des chaumières. Nous avons pu aussi tourner de superbes scènes à Provins notamment dans la Tour César avec ponctuellement des touristes de passages étonnés et ravis de nous voir là. Les scènes de bataille et les « bastons de taverne » furent de grands moments à tourner. Entre 30 et 60 figurants en même temps, super impliqués dans ce qu’ils faisaient et qui donnaient vraiment chaud au cœur à tout l’équipe.

Comment et pourquoi vous êtes-vous inscrits au Festival de Luchon ?

Nous participons au festival car la vie d’une fiction c’est à la fois : la rencontre avec le public (cinéma, projections diverses, festivals, conférences, diffusions TV et internet) et la rencontre avec d’autres créateurs d’univers très différents, d’autres personnes passionnées et professionnelles. Le festival de Luchon fête cette année son 20e anniversaire. Il fait partie des festivals ancrés dans la culture française ! Nous sommes ravis d’y participer. C’est tout simplement par internet que nous nous sommes inscrits.

Ça représente quoi pour vous d’avoir été sélectionné ?

C’est une belle reconnaissance et un plaisir de faire découvrir notre travail et univers à un public qui ne nous aurait peut-être jamais connu autrement. C’est aussi, je dois l’avouer, un peu de pression. Sans le souhaiter on se met en concurrence avec d’autres auteurs qu’on apprécie et sous la décision d’un jury et fatalement sa subjectivité… On espère bien sûr montrer le plus fidèlement possible notre websérie. Car ce n’est qu’une petite partie qui sera visionnée et jugée et non pas son ensemble. En effet, tous les épisodes ne sont pas encore en ligne.

Instant pub : pourquoi est-ce que vous devriez remporter le prix du public ?

Je ne sais pas si on « doit », mais ce qui est sûr c’est que ça serait super pour tout le travail de l’équipe, tous ceux qui nous ont encouragé, ceux qui ont cru en nous et tout simplement tous ceux qui ont vu la websérie et qui nous ont témoigné tout le plaisir qu’ils avaient eu à la voir. Leurs paroles seraient écoutées et encourageraient encore d’autres personnes à découvrir cet OVNI cinématographique français.

Dernière question : vous utilisez BetaSeries ?

Je ne connaissais pas, j’ai découvert grâce au festival. Et c’est une heureuse découverte avec un contenu assez riche et fourni.

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Maretoh