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Retrouvez donc ci-dessous la chronique de rush5hour, qui vous parle de The Man in the High Castle !
Pose la question qu’on n’ose imaginer : que se serait-il passé si les vainqueurs de la seconde guerre mondiale avaient été différents ?
En 2015, Amazon Video a fait un pari audacieux : adapter en série « The Man in the High Castle » de l’auteur Philip K. Dick. C’est un succès : la série compte deux saisons et la troisième est en préparation. Mais pourquoi était-ce aventureux de produire cette série ? Et bien, parce que le nombre d’adaptations de romans bat son plein et comptent plusieurs grands succès (Game of Thrones, Hannibal, Outlander, Under The Dome…). Cette série aurait pu se noyer dans le flot, mais plusieurs éléments ont retenu mon attention :
The Man in The High Castle nous plonge dans un univers uchronique : en 1947, l’Allemagne nazie et l’Empire du Japon sortent vainqueurs de la 2ème Guerre Mondiale. Les Etats-Unis sont alors fragmentés : sur la côte Est, le « Grand Reich Nazi » a fait de New-York sa capitale; dans les Montagnes Rocheuses, la « Zone neutre » est établie; et enfin, sur la côte Ouest, les « Etats du Pacifique » sont dirigés par les Japonais depuis San Francisco. En 1962, la mésentente entre les deux régimes totalitaires est à son paroxysme. C’est dans cette ambiance tendue qu’un groupe de résistants tente de préserver les images d’un film secret, recherché par les deux empires.
La première saison est une reprise assez fidèle du roman. Certaines libertés ont été prises, mais cela permet justement aux anciens lecteurs de rester dans l’incertitude de la suite des événements. De plus, certains protagonistes fascinants ont été rajoutés (cf John Smith par exemple). Grâce à la caméra, je me suis surprise à (re-)découvrir les personnages sous un nouvel angle, chacun ayant une facette de personnalités déroutantes.
Le caractère pesant de l’intrigue est en fait à double tranchant : on adore ou on déteste cette série. Dans cet univers angoissant, le réalisateur Ridley Scott a misé sur un rythme lent pour retranscrire l’atmosphère oppressante du roman. C’est ce qui donne ce suspens sans égal, mais cela peut aussi provoquer un sentiment de longueur, voire d’ennui, lors de certaines scènes. Pour se rattraper, la série offre des décors époustouflants, permettant au spectateur de s’immerger pleinement dans l’histoire.
Rendre des personnages égoïstes attachants, c’est l’exploit de cette série. Dans un monde où la résistance est quasiment inexistante, on peut se demander où est l’espoir. Et c’est aussi exactement ce que cherchent nos protagonistes. Lors du premier épisode, ils sont tous profondément marqués par l’idéologie des régimes. Cependant, très rapidement, on voit en eux davantage que des poupées. Tiraillés entre leurs devoirs et leurs sentiments, ils redécouvrent leurs identités ainsi que leurs valeurs morales. Chacun finira par remettre en question l’autorité imposée. Un bouleversement aussi fort n’est pas anodin, c’est le fruit d’un drame personnel (souvent le deuil d’un proche). Certains décideront alors d’entrer dans la résistance, d’autres de sauver le peu d’humanité qu’il reste dans un univers froid et dépourvu de sentiments.
Prenons le personnage de John Smith, Obergruppenführer de New York. Lors de la première saison, il nous apparaît comme un homme froid et antipathique. Avec lui, l’erreur n’est pas tolérée. Et pourtant, au fil des épisodes, on finit par s’attacher à lui. Avec un regard paternel et protecteur, il suit l’évolution de son espion. Lors de la deuxième saison, où on découvre davantage sa femme et ses enfants, on voit un homme aimant et soutenant. Comme tous les autres, ce personnage est assujetti à une remise en cause. L’endoctrinement et la fierté de son statut social sont mis en doute lorsqu’il doit choisir entre sa famille et son parti. On peut saluer la performance de l’acteur Rufus Sewell pour son incarnation du personnage.
Pour toutes les raisons citées, je vous encourage à faire un bon binge watching de cette série !