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Retrouvez donc ci-dessous la chronique de Viandeur, qui vous parle de Steven Universe !
« Les dessins animés d’aujourd’hui ne valent pas ceux d’avant »
Derrière cette phrase mise avec des guillemets, histoire de prouver qu’elle ne reflète pas mon opinion, se cache une idée partagée par un nombre assez conséquent d’internautes. Selon ces personnes, l’âge d’or des dessins animés serait derrière nous et ce qui est diffusé aujourd’hui n’est que vient ensuite.
Un point de vue que je ne partage absolument pas, car même si je garde de bons souvenirs des dessins animés qui ont construit mon enfance, je sais aussi que j’ai beaucoup moins de souvenirs de ceux que je n’aimais pas, et que ma vision des dessins animés d’autrefois est biaisée, comme l’est également celles de tout le monde. Aujourd’hui, étant adulte, je suis plus exigeant sur les dessins animés que je regarde, j’attends de leur part qu’ils aient au moins une seconde lecture, des messages intéressants et humanistes ou de l’humour qui fera mouche même chez moi.
La série que je vous présente derrière cette chronique rassemble tout ça, elle est devenue mon cartoon préféré, elle écrase tout ce que j’ai pu voir dans ce domaine auparavant et elle a commencé en 2013. Oui, mon cartoon préféré l’est pour de nombreuses raisons dont la nostalgie ne fait pas partie. C’est un cartoon destiné à un public jeune, mais que je recommande à tous les adultes qui ont gardé une âme d’enfant en eux. C’est une série qui arrive à être enfantile, sans être infantile, une vraie anomalie dans le paysage télévisuel pour enfants. Bref, Steven Universe.
C’est un dessin animé diffusé sur Cartoon Network sous un format 10 minutes et qui raconte l’histoire d’un petit garçon appelé Steven, vivant avec 3 entités appelées les Gemmes de Cristal, chacune cratérisée par un caractère et une pierre précieuse : Garnet, Pearl et Amethyst (Grenat, Perle et Améthyste en VF). Leurs gemmes situées respectivement sur les mains, sur le crâne et sur la poitrine leur permet d’invoquer des armes pour combattre divers monstres qui attaquent la Terre. Steven est élevé par elles depuis son enfance car il est à moitié gemme. Sa mère, Rose Quartz, étant morte en le mettant au monde. À ces personnages s’ajoutent également Connie, qui deviendra la meilleure amie de Steven, Greg, le père de Steven qui tient une laverie, et une autre tripotée de personnages secondaires aussi variés qu’intéressants.
Avec ce simple résumé, on voit que l’on s’oriente déjà vers quelque chose de plus sombre que les dessins animés pour enfants habituels (Bon c’est pas Breaking Bad non plus, mais bon on parle quand même d’un enfant qui n’a jamais connu sa mère). Et pourtant quelques images suffisent pour voir que la série est au final très colorée. Les décors sont à la fois inspirés mais aussi très bien dessinés et s’accordent parfaitement avec le chara-design coloré et mignon du titre. La série, malgré son côté dramatique, sait redonner le sourire, chaque personnage principal n’étant pas dénué d’humour et le comique de situation étant très commun.
Mais humour ne signifie pas pour autant que le développement des personnages est mis de côté, j’ose même dire que celui des personnages de Steven Universe (au moins les principaux) est exemplaire et dépasse tout ce que j’ai pu voir dans le milieu des cartoons. Chaque personnage a sa petite histoire, son passé qui est parfois très tragique. Et quand il s’agit d’émouvoir le spectateur, on n’y va pas qu’à moitié. Ceci étant bien entendu aidé par une animation au top et une bande son très travaillée aux multiples influences (Niveau musique c’est simple, on peut se retrouver dans le même épisode avec une musique influencée rock, puis une plutôt pop et une autre aux sonorités chiptunes, c’est très éclectique).
Cependant, les sérievores sont ce qu’ils sont, et certains n’aiment pas trop les séries avec des épisodes à intrigue unique, préférant les histoires qui se suivent d’un épisode à l’autre et formant un unique scénario. Et c’est là que je vais développer ce que j’ai dit plus haut, je cite : Une vraie anomalie dans le paysage télévisuel pour enfants.
Car oui, étant une série diffusée sur Cartoon Network, il est légitime de penser que la chaîne préférera produire des séries où chaque épisode peut être diffusé dans le désordre. La série devient procédurale et on peut se permettre des rediffusions à l’arrache sans s’occuper d’une cohérence interne dans l’histoire. Et Steven Universe fait partie de ces séries…pour les 25 premiers épisodes. La série enchaîne au début les épisodes standalone, mais au bout d’un moment elle décide d’aller plus loin, en proposant une histoire bien plus intéressante à la hauteur de n’importe quelle production Netflix ou HBO, mêlant fantastique, SF, romance et voyage, avec toujours quelques standalones entre temps mais qui servent toujours à développer certains aspects de la série (on ne s’en rend parfois pas compte au premier visionnage). Quelques arcs scénaristiques de plusieurs épisodes se dégagent même parfois du tout et constituent à eux seuls un vrai événement attendu avec impatience par les fans. La saison 1 se termine même par un twist scénaristique qui peut perdre les spectateurs qui n’auraient pas suivi la série dans l’ordre, c’est dire.
Et là vous vous dites « Ce n’est pas nouveau, beaucoup de cartoons pour enfants décident de développer des histoires à suivre à chaque épisode plutôt que de se contenter du bête procédural. Gravity Falls, Avatar, Star Butterfly, Wakfu, pleins de séries font ça, donc pourquoi celle-ci serait une « anomalie » alors qu’elle n’est pas la seule à le faire ? ».
Question totalement légitime (et réponse exacte d’ailleurs, les séries citées étant excellentes), et on en vient au second point qui fait que Steven Universe est une anomalie : les thèmes abordés par l’histoire.
Lorsque l’on créé un dessin animé pour enfant, on commence par définir une cible par tranche d’âge. La cible définie impose des contraintes dans le processus de production, et obligent les créateurs à composer avec ces contraintes pour produire leur série. La plus haute tranche d’âge des 8-10 ans impose également beaucoup de contraintes, comme des sujets qu’il est interdit d’aborder (Pour en savoir plus je vous recommande la chaîne d’Alice in Animation. Oui c’est techniquement une pub mais vu que ce n’est pas ma chaîne et que vous êtes arrivés jusque-là dans ma chronique, je pense que ça vous intéressera). Et bien Steven Universe renverse totalement ces contraintes, mais d’une force.
La série n’hésite pas à aborder des thèmes graves et sérieux habituellement réservés à un public plus adulte, mais toujours en leur portant un regard à hauteur d’enfant pour que même eux puissent y réfléchir. On y parle par exemple de colonisation, de culpabilité, de pertes liées à la guerre, de deuil, de responsabilité parentale, de chagrin d’amour, de conditionnement, d’écologie, d’homosexualité et de transgenre (et ouais je rigole même pas pour les deux derniers, comme quoi vaudrait mieux pas que Christine Boutin repère un gosse regarder ça). On en revient à ce que je disais plus haut, la série en devient enfantile, mais pas infantile.
Rajoutons à cela le fait que Rebecca Sugar, créatrice du show, en plus de s’occuper du chara-design, du scénario, et de superviser tout le processus de création, est également compositrice, et la série laisse parfois la place à des chansons, chacune étant superbement composée et interprétée. Pour citer quelques noms que vous pouvez aller voir sur YouTube sans risquer trop de spoil, je vous recommande « Giant Women », « We are the crystal Gems », « Strong in the real way » ou encore l’ending « Love like you ». Vous comprendrez aisément les diverses inspirations dont fait preuve la série pour son ambiance musicale.
Bref, puisqu’une expérience vaut tous les mots du monde, je vous encourage vraiment à aller regarder Steven Universe. Et le dernier conseil que je vous donnerais, c’est de tenir bon pour le début. Les 24 premiers épisodes ne sont pas représentatifs de la série qui décolle vraiment tardivement. Ce serait peut-être même le principal défaut que je pourrais en tirer, le début est assez long à se mettre en place et les traits sont même parfois assez brouillons (notamment l’épisode 3, oulala qu’il est vilain visuellement). Mais franchement, sur 130 épisodes sortis pour l’instant et encore au moins une vingtaine de prévus, ça va, et la série vaudra largement l’investissement qu’elle vous demandera. Une fois que vous aurez rattrapé la série, vous vous rendrez compte que chaque épisode avait en fait son importance dans l’histoire, et vous ferez certainement comme moi et de nombreux fans de la série, à savoir la recommencer une seconde fois.