Co-créée par Rodrigo Sorogoyen (réalisateur du film El Reino et nommé aux Oscars pour son court-métrage Madre) et sa partenaire d’écriture Isabel Peña, la série a fait grand bruit en Espagne lors de sa sortie en octobre dernier. En traitant de manière frontale le sujet des violences policières, Antidisturbios fait grandement écho à l’actualité brulante, que ce soit en Europe ou aux États-Unis.
On suit une brigade de 6 policiers de la division antiémeute de Madrid sur le point de procéder à une expulsion en plein coeur de la ville. Mais lorsque l’appartement en question est occupé par une trentaine d’activistes, l’opération dégénère et vire au drame. Alors que les affaires internes sont chargées de l’enquête, une des membres de l’équipe Laia semble lever le voile sur une histoire bien plus complexe qu’une expulsion ratée.
L’histoire développera au fil des épisodes les histoires de ces 6 policiers dont la carrière et la vie basculent suite à cet incident. Alors que l’affaire fait la une des médias et que l’Espagne est dans la rue pour demander justice, ils devront chacun endurer leur propre culpabilité. En humanisant sans cautionner, Antidisturbios tient montrer les séquelles psychologiques d’un tel drame chez les forces de l’ordre.
Mais le véritable personnage principal de la série, c’est bien Laia. L’enquêtrice des affaires internes est une forte tête, adore ses collègues et semble déterminée à mettre au clair tout cette histoire. Elle déroulera peu à peu le fil de toute une affaire qui semble avoir des répercussions sur toute l’administration espagnole. La série démontre au fil des épisodes un savant équilibre entre son intrigue et ses personnages, en utilisant parfois ses scènes prégénériques (le fameux cold open) pour mieux s’immiscer dans leur intimité.
Enfin, on ne peut pas terminer sans parler de la mise en scène de Antidisturbios, qu’on pourrait définir en un mot : immersive. Le terme peut être éculé, mais correspond parfaitement à la série, et ce dès le premier épisode. La tension est palpable pendant cette expulsion, avec cette caméra à l’épaule et ce grand angle accolé aux policiers pour donner à l’ensemble une perspective quasi subjective. Avec sa mise en scène viscérale et sans fioritures, la série ne surjoue jamais ses effets de style. Ce sont les personnages qui intéresse Rodrigo Sorogoyen et notamment leur point de vue sur la situation, tel un champ contre champ permanent.
Avec ses thématiques on ne peut plus actuelles et son identité visuelle forte, Antidisturbios est une série vite addictive qui montre encore le talent de l’Espagne dans la création de séries. À découvrir sur Canal+ à partir du 13 mai, 2 épisodes tous les jeudis, et en intégralité sur myCANAL.