Article garanti sans spoiler.
L’adaptation de grandes sagas littéraires de fantasy est la poule aux oeufs d’or des chaines et plateformes depuis le succès tonitruant de Game of Thrones. Si HBO a surenchéri en proposant une nouvelle adaptation de His Dark Materials (À la croisée des mondes), Netflix a dégainé en 2019 une nouvelle adaptation de The Witcher, l’oeuvre de Andrzej Sapkowski devenue une saga de jeux vidéo mondialement reconnue. Et avec le mastodonte Le Seigneur des Anneaux qui arrivera bien un jour sur Amazon Prime Video, les plateformes musclent leurs offres dans ce genre maintenant extrêmement populaire auprès du grand public.
C’est le cas de la nouvelle série Netflix Shadow and Bone (lancée le 23 avril sur la plateforme), l’adaptation de l’oeuvre de Leigh Bardugo par le scénariste Eric Heisserer, que l’on connait pour des films comme Premier Contact ou encore Bird Box. La série compte adapter en trois saisons la première trilogie de livres dite Grisha, ainsi que la duologie Six of Crows. Alors, que vaut la série Netflix la plus attendue de l’année ?
Autant le dire tout de suite : je n’ai aucune connaissance de la saga littéraire écrite par Leigh Bardugo, cet article ne parlera donc pas des quelques libertés d’adaptations que Eric Heisserer a pu prendre afin d’adapter cinq livres dans les trois saisons prévues. Le premier contact (vous l’avez ?) avec cet univers est cependant très engageant. Dans Shadow and Bone, un immense brouillard maléfique déchire le pays en deux, le Shadow Fold. Dans ce monde ravagé par la guerre, une jeune soldate orpheline, Alina Starkov, se découvre un pouvoir extraordinaire qui pourrait libérer son pays.
Dans l’univers de la série, la magie est un don inné qui fait de vous un Grisha : découverts lors d’un test pendant leur enfance, ces individus montant des facultés hors du commun sont ainsi séparés des humains ordinaires pour subir un entrainement d’élite. Les Grisha eux-mêmes parlent d’avantage de « Petite science » et non de magie, car la vraie magie est responsable de la création du Fold qui divise le pays. À l’instar d’un Game of Thrones, on prend l’histoire de Shadow and Bone en cours de route, et la présence de ce brouillard porte déjà atteinte à l’équilibre géopolitique du pays. Certaines factions en profitent pour réclamer leur indépendance, des plans de sédition qui pourraient bien être mis à mal par la présence d’Alina.
La série brille par son écriture avec un soin tout particulièrement apporté à ses dialogues, qui en plus de caractériser de tous ses personnages, nous en apprennent subtilement sur le monde qui les entourent. L’autre ligne narrative majeure nous amène à suivre en parallèle les péripéties d’un autre trio, Kaz, Inej et Jesper, qui sont investis d’une mission : celle de traverser le brouillard pour enlever Alina avec à la clé une énorme récompense. On découvre ainsi une autre facette du monde de Shadow and Fold dans cette intrigue qui empreinte beaucoup au genre codifié du film de braquage.
Si elle ne révolutionne pas le genre, Shadow and Bone propose univers engageant avec des personnages complexes sans tomber dans les écueils parfois malaisants de la fantasy dite young adult (au hasard, Cursed). Avec une première saison solide, il est clair que beaucoup de soin a été apporté dans cette adaptation, que ce soit visuellement mais aussi scénaristiquement, afin de raconter une histoire prenante dans un monde débordant d’imagination. La série sera, à n’en pas douter, le carton de cette année sur Netflix.