L’aventure Calls touche à sa fin. Vous vous souvenez peut-être du court métrage de Timothée Hochet publié il y a 4 ans sur YouTube, véritable proof of concept d’une série en devenir. Nous sommes en 2020 et Calls débarque avec une troisième et dernière saison. Elle avait ouvert la marche duCréation Décalée de Canal+ en 2017, qui a ensuite lancé la remarqué L’effondrement ou encore Narvalo.
La série s’était fait remarquer par son concept fort : mettre le son au coeur de la narration. C’est par des échanges téléphoniques, des enregistrements sur dictaphones ou d’autres sources que Calls raconte son histoire. Pas d’images à proprement parler puisque seuls les noms des personnages apparaissent à l’écran tel un transcript. C’est au spectateur de construire visuellement les différentes péripéties qu’il entend, à l’instar des fictions audio qui ont énormément de succès outre-Atlantique. Passé l’effet de surprise, la série nous emmène dans son univers en jouant la carte de l’immersion. L’écoute active (au casque de préférence) permet de compenser l’absence d’images figuratives.
Au-delà de sa mise en scène sonore, Calls a développée pendant ses deux premières saisons une intrigue chorale, faite de nombreux personnages au sein de plusieurs temporalités. Si ces épisodes, de 10 à 15 minutes, ne semblent au début ne pas avoir de liens entre eux, très vite le spectateur recolle les morceaux de situations racontées via différents points de vue. On se surprendrait même à prendre des notes, comme il est conseillé de le faire en jouant à des jeux vidéo d’enquête comme Her Story ou encore Return of the Obra Dinn. Dans un vrai mélange entre science-fiction, fantastique et drame intime, Calls met peu à peu en place sa propre mythologie. Son côté mystique pourra plaire aux fans de The Leftovers, qui enrobe elle aussi son mystère dans un voile de mysticisme et de poésie.
Pour ce troisième chapitre de 7 épisodes (chiffre symbole d’un cycle achevé), Calls veut désormais offrir une conclusion satisfaisante à toutes les questions posées dans les deux dernières saisons. Ou presque. Les destins de ces personnages donnent corps à toute cette mythologie, mais la série se garde de répondre à toutes les questions afin de donner libre cours à l’imagination de ses spectateurs. Elle prend aussi des libertés dans sa réalisation en nous offrant quelques surprises dignes de son apothéose narrative.
On en profite pour saluer les performances vocales du casting : l’actrice césarisée Anaïs Demoustier, au centre du récit, mais aussi Astrid Bergès-Frisbey ou encore Alban Lenoir (vu récemment dans Cheyenne et Lola), nous transportent dans cette conclusion avec intensité et émotion. On se surprendrait donc à revoir la série en entier (il ne vous faudra que 4 petites heures) pour tirer au clair ce maillage dense et inquiétant menant à l’apocalypse promise depuis le premier épisode.
C’est donc la fin d’un cycle pour Calls, mais le début d’un autre pour Timothée Hochet puisque l’adaptation de la série en anglais pour la plateforme Apple TV+ est actuellement en chantier.