Moloch : la série ARTE évènement joue avec le feu

Article écrit par Mathilde Dandeu.

Le Festival de CANNESERIES continue avec Moloch réalisée par Arnaud Malherbe et co-écrite avec Marion Festraëts. L’équipe de BetaSerie est revenue avec eux sur l’écriture de cette nouvelle production après Chefs : quelle est la génèse du projet ? Comment ont-ils développé l’idée ? Comment ont-ils construits les personnages ?

Moloch nous embarque au coeur d’une histoire troublante, de cette ville au bord de mer qui voit des inconnus s’enflammer sans aucune raison. Un phénomène effrayant qui pousse Louise (Marine Vacth) une jeune femme qui tente de faire sa place en tant que journaliste et Gabriel (Olivier Gourmet), un psychiatre à mener leur propre enquête. Suicide ? Malédiction d’une divinité ? Le spectateur se laisse porter par ce mystère qui entremêle réalité et surnaturel. La série nous montre des personnages en proie au doute, qui dans leurs recherches vont être confrontés à des question d’éthiques, politiques et même religieuses. Un souhait du réalisateur et créateur Arnaud Malherbe qui explique son désir, « d’un mélange ludique qui amène le spectateur dans un monde, une aventure et aussi utiliser le genre du fantastique pour raconter la société ».

Des personnages qu’Arnaud Malherbe et Marion Festraëts ont pensé ensemble. Louise reflète cette jeunesse perdue du XXIe siècle. Elle cherche sa place en tant que journaliste, mais aussi en tant qu’enquêtrice. Le couple de scénaristes ayant un passé de journalistes, c’était une volonté de leur part de représenter la profession de façon crédible et réaliste dans le contexte d’une affaire de cette ampleur. Dans cette quête d’identité, on découvre le caractère fort et brut de Louise, seule face à elle-même, sans ami(es). On salue ici l’interprétation de Marine Vacth qui rend le personnage attachant dans sa solitude citadaine. On se surprend même à avoir de l’empathie pour elle. Gabriel, lui incarne ce paradoxe d’un homme qui aide les autres à se reconstruire mentalement alors qu’il est lui-même brisé : « C’était l’idée d’avoir un psy très abîmé qui a subit un trauma tellement lourd qu’il a « effacé le disque dur ». C’était une façon de jouer avec cette thématique, avec un psy qui est lui-même malade : comment on peut guérir les gens quand on est soi-même extrêmement abîmé ? » confie Marion.

Des personnages froids, reflétant cette atmosphère nordique, celle d’un polar au suspense haletant et inquiétant. Une série qui avait à l’origine une forme bien différente, mais toujours « quelque chose de radicalement différent, avec une vraie singularité et un postulat fort de départ : celui d’un In Treatment fantastique, qui devait se passer dans un cabinet de psy. Au fil du développement et de l’écriture, l’histoire a vité débordé du cabinet pour s’ouvrir à l’echelle d’une ville. »

Moloch c’est aussi cette poésie de la nature et de la ville : des images hypnotiques qui illustrent cette enquête singulière en posant avant tout un regard sur l’humain. Un scénario écrit avec subtilité et retenue, comme le rôle de Tom (Arnaud Valois), un jeune policier loin du stéréotype abrupte de la profession. Il même cherche à cacher son métier, comme s’il en avait presque honte.

Une série qu’on vous conseille vivement de regarder à sa sortie, servie par une mise en scène travaillée et des personnages forts, au centre d’un récit mystérieux et captivant.

Moloch sera diffusée sur ARTE à partir du 22 octobre et disponible sur ARTE.tv dés le 15 octobre.

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BetaSeries