Il y eu en avant et un après Game of Thrones. Cela fait maintenant 10 ans que la série de fantasy a débuté sur HBO et prés de deux ans après la diffusion de son dernier épisode, elle fait encore parler d’elle.
Pour fêter cette dernière décennie sous le signe de GoT, intéressons-nous à la marque que la série a laissée depuis son arrivée sur HBO (et OCS) en 2011.
Mis à part la trilogie du Seigneur des Anneaux, peu d’oeuvres de fantasy ont connu un succès grand public aussi global que Game of Thrones. Quand on parle de grand public, on y inclut aussi bien le cousin un peu geek que la tante qui a décidé de profiter de l’offre d’essai OCS. La série a su réinstaller l’imaginaire de la dark fantasy dans l’air du temps. Les dragons, les morts-vivants, la magie ne sont plus plus destinés à une franche d’initiés. Le succès tonitruant de The Witcher sur Netflix en décembre dernier nous l’a confirmé.
Mais c’est avec son côté mature, violent et irrévérencieux que la série a rapidement émergé. Game of Thrones offre un récit aux intrigues politiques fouillées portées par des personnages forts aux répliques incisives. Sans ça, Game of Thrones ne serait qu’une simple série de fantasy à gros budget : elle arrive ainsi à transcender les a priori de son univers pour toucher une certaine partie du public qui aurait été réfractaire au premier coup d’oeil. Pari réussi.
Depuis le début des années 2000, les séries ont vu leurs budgets s’envoler avec la recrudescence des « drames prestigieux » associés à la chaîne HBO. De 3 millions de dollars par épisode, certains d’entre eux, comme Rome, dépassaient 10 millions par épisode afin de proposer des décors d’époques faramineux et surtout crédibles.
Dans son ambition démesurée, Game of Thrones a atteint les 15 millions de dollars par épisode à son pic, et ce dans un objectif simple : proposer une production à la hauteur du caractère épique des plus grands films. L’échelle des batailles devient progressivement titanesque, de la fin de la saison 2 jusqu’à la dernière saison qui combine un nombre impressionnant de figurants à des effets spéciaux qui n’ont rien à envier au grand écran. Cela a-t-il desservi Game of Thrones sur sa conclusion ?
Si de nombreuses chaînes et plateformes ont voulu chercher Game of Thrones sur son propre terrain (on se souvient de Marco Polo sur Netflix), c’est bien la prochaine adaptation du Seigneur des Anneaux sur Amazon qui semble être la première vraie réponse au phénomène : un budget de près de 1 milliard de dollars pour cinq saisons et des scénaristes travaillant dans le plus grand secret pour ce qui promet d’être le plus grand projet de la firme dans le domaine du cinéma et des séries.
Les séries nous ont appris à nous attacher à leurs personnages et ce pendant parfois de nombreuses années. De manière générale, la mort est une exception, un choc de fin de saison ou même de série. Mais afin de proposer des arcs narratifs sur le long terme, les scénaristes n’ont pas toujours osé tuer leurs personnages principaux. Game of Thrones a rebattu les cartes en faisant comprendre très vite à son public qu’ils étaient devant une tout autre série.
Si au fil des années, ce postulat s’est vite nuancé (en parler serait risquer de spoiler), il n’en reste que l’attachement des fans aux personnages ne les protégeaient en rien contre leur triste destin. Plus que pour la dimension choc, c’est une vision du monde bien moins fantaisiste que nous offrait l’auteur des livres, George R.R. Martin : ce que vous aimez peut disparaître à tout moment, personne n’est à l’abri.
Sur sa dernière saison, Game of Thrones a été regardée par près de 45 millions de personnes par épisode aux États-Unis, tous supports confondus. Alors que le binge-watching a le vent en poupe avec l’arrivée de Netflix, Game of Thrones reste, année après année, le dernier bastion de la télévision linéaire. Même s’il était tout à fait possible de regarder l’épisode quelques jours après sa diffusion, il s’avérait en réalité primordial de l’avoir vu au plus tard un jour après sa diffusion pour éviter tout spoil et ainsi pouvoir participer aux débats houleux de la semaine suivante.
Ce phénomène, lié au FOMO (Fear of missing out, la « peur de manquer »), faisait des dimanches soirs de véritables moments de réunions pour les Américains, mais aussi dans le monde entier. HBO tirait parti du temps espaçant les épisodes pour travailler sa communication autour de la série, en dévoilant notamment des making-of pour les scènes les plus coûteuses. Il existait donc rarement de temps morts lors de la diffusion d’une saison et il se peut que Game of Thrones soit bien le dernier vestige d’un engouement aussi intense sur le long terme. Jusqu’au prochain spin-off ?
Plusieurs projets de séries dérivées sont en développement par HBO alors que la chaine a signé un accord de 5 ans avec l’auteur de la saga George R.R. Martin. Autant dire que vous n’aurez pas fini d’entendre parler de Game of Thrones.