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Festival Série Series : interview de Wilhelm Behrman (Kalifat)

C’était l’une des très bonnes surprises de ce début d’année sur Netflix : la série suédoise Kalifat a mis tout le monde d’accord avec son sens du suspense impeccable qui ne délaissait en rien l’écriture de ses personnages.

À l’occasion du festival Série Series dont l’édition 2020 se déroule intégralement en ligne du 30 juin au 2 juillet, nous avons pu poser quelques questions à son créateur, Wilhelm Behrman.

Dans une série comme Kalifat, le suspense de l’intrigue peut prendre le dessus sur les personnages. Comme avez-vous préservé l’équilibre entre l’action et la psychologie ?

En réalité, je ne vois aucune contradiction entre l’action et la psychologie. Ou entre le suspense et la profondeur des personnages. Des personnages crédibles sont nécessaires pour susciter du véritable suspense, sans ça vous ne vous attachez pas aux protagonistes. Sentir leur douleur, leur peur et leur ambivalence rend l’histoire bien plus excitante et angoissante, de l’action sans personnages crédibles c’est juste ennuyeux. Donc il était primordial pour la narration de Kalifat de connaitre vraiment nos personnages et de savoir ce dont ils étaient capables, en bien ou en mal. Aucun d’eux n’était qu’un simple représentant d’un phénomène ou d’un archétype. Nous avons construit nos personnages à partir de vraies personnes, au moins dans une certaine mesure.

Pensez-vous que le développement des plateformes SVOD et des séries “internationales” est une opportunité pour les créatifs et quelles sont dans ce contexte les conditions du succès ?

Absolument, c’est une énorme opportunité pour un scénariste. La demande n’a jamais été aussi grande pour des scripts et des idées et la bonne surprise, c’est que des fictions non anglophones sont tout aussi demandées que des projets venant de pays anglophones. Mais pour réussir, il faut s’attaquer au projet avec le bon angle et toujours commencer avec une bonne idée qu’on développe organiquement pour en faire une bonne histoire, au lieu de commencer avec l’intention de construire une série internationale qui cartonne et se demander ensuite de quoi elle devrait parler. C’est la raison pour laquelle il est inutile de demander aux chaînes ou aux plateformes ce qu’elles recherchent : qu’elles le sachent ou non, elles cherchent en fait l’inattendu. Et n’essayez pas de rationaliser la production pour qu’elle s’adapte à des critères internationaux, essayez de conserver autant que possible votre environnement local et son identité.

Quels sont les projets sur lesquels vous êtes en train de travailler ?

Nous sommes en train de développer plusieurs projets en ce moment, mais notre focus se porte sur Stig Engström, l’homme qui a été récemment identifié comme le tueur du Premier ministre de Suède Olof Palme en 1986. C’était quelqu’un de vraiment contradictoire, une personne à la fois coupable d’un crime tellement affreux et en même temps pour qui l’on a de la peine quand on creuse dans l’histoire de sa vie. On espère écrire une mini-série de 5 épisodes sur lui. Et cela sera davantage un drame qu’un thriller.

Interview traduite de l’anglais.

Retrouvez Wilhelm Behrman en masterclass pendant l’édition en ligne du Festival Série Series du 30 au 2 juillet.

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Published by
Hugo Clery