Sergio Jadue, modeste président d’un club de football d’une petite ville du Chili, se retrouve propulsé à la tête de la fédération chilienne de football. Ivre de pouvoir, il devient le protégé du parrain du football Julio Grondona, mais également la clé qui permettra au FBI de démanteler le plus grand système de corruption du monde du football.
Si vous avez aimé : Narcos
Dans le paysage télévisuel actuel de ces dernières années, les séries sur le foot n’ont pas peuplé nos écrans. Mais quand il s’agit de relater le scandale du Fifagate, ce scandale qui a ébranlé tout le milieu avec ses affaires de pots de vins et de valises de billets, alors on tient ici un sujet hautement sériel pour El Presidente. Du point de vue de Sergio Jadue, ce président de club de football chilien, on découvre tous les méandres d’un système voué à maximiser le profit personnel de ses dirigeants. Nommé à la tête de Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL), il deviendra la taupe du FBI, tiraillé entre son ambition carriériste et sa propre survie professionnelle.
El Presidente jongle sans cesse entre deux temporalités : l’une nous racontant ses débuts en tant que véritable pantin de la confédération et l’autre suite à la mort de son président, sur sa collaboration avec les Américains. L’acteur de 42 ans, qu’on a vu dans Pablo Escobar, le patron du mal, incarne aussi son personnage à l’âge de 31 ans. Une décision étrange de la part de la production qui nuit malheureusement à la crédibilité de toute cette partie pourtant centrale dans le récit. La série dresse le portrait d’un idiot utile qui semble tout droit sorti d’un film des frères Coen : manipulé par ses pairs, mais dont la chance va sourire plus d’une fois malgré son manque évident de clairvoyance. Il sera notamment aidé par Néné (Paulina Gaitán vue dans Narcos), dont l’ambition semble dépasser celle de son mari en voulant transcender le statut de « femme de dirigeant ».
Très généreuse en informations, la série adopte le format du « docu-drama » déjà éprouvé dans Narcos : une voix off avec de nombreux inserts d’images pour condenser en 2 minutes la mécanique plus ou moins complexe de l’industrie footballistique. On sent bien sûr l’influence des films d’Adam McKay dans ce procédé, qui s’efforçait de rendre divertissantes des explications pourtant laborieuses sur le système financier mondial dans The Big Short. Parfois maladroites, ces séquences ont le mérite de donner du rythme à un début de saison un peu décousu. Mais la série prend son envol en deuxième moitié de saison lorsqu’elle décide d’embrasser totalement sa dimension « histoire de mafieux ».
On passe au final un bon moment devant El Presidente qui paradoxalement nous montre assez peu d’images de football, bien plus focalisée sur l’avarice de ces dirigeants addict aux privilèges. Et comme nous l’a montré l’histoire à maintes reprises, l’apogée n’est que le début de la chute.