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Faut-il regarder Little Fires Everywhere sur Amazon Prime ?

Le pitch

Rues bien droites, pelouses au cordeau : rien ne dépasse. À Shaker Heights, banlieue huppée de Cleveland, tout est luxe, calme et sérénité… Dans ce tableau bourgeois, les Richardson ne détonnent pas. Père avocat. Quatre ados sans histoire. La famille modèle. Tout le contraire de leurs nouveaux locataires : Mia Warren, artiste photographe, anticonformiste et bohème à souhait, et sa fille Pearl. Elles sont aussi nomades que les Richardson sont sédentaires, aussi libres qu’ils sont prisonniers des apparences… Alors qu’au début la cohabitation semble plutôt chaleureuse, insensiblement, les rapports vont se crisper. La tension montera dangereusement… jusqu’à l’embrasement ?

  • 8 épisodes de 55 minutes
  • Durée totale de visionnage : 7 heures et 20 minutes

Si vous avez aimé : Big Little Lies, Desperate Housewives

La critique

Difficile de ne pas penser à Big Little Lies pendant les premières minutes de Little Fires Everywhere : une petite communauté tranquille voit son quotidien bouleversé par l’arrivée d’une étrangère alors qu’un crime (cette fois incendiaire) ouvre l’histoire en guise de mystère sous-jacent. Reese Witherspoon incarne ici un rôle très similaire à la série de David E. Kelley en mère de famille modèle et control freak en puissance. La comparaison peut s’arrêter là puisque Little Fires Everywhere prend une tout autre direction en s’intéressant à deux femmes, et deux mères, que tout oppose.

Quand Elena (Witherspoon) accepte de louer à la nouvelle venue Mia (Kerry Washington) et sa fille Pearl (Lexi Underwood) un appartement dans la petite banlieue tranquille et huppée de Shaker Heights, les deux femmes vont tisser une relation sur le fil du rasoir. Mia est une mère célibataire noire, une artiste bohème au franc-parler déconcertant pour la petite bourgeoisie du quartier. Son rapport avec Elena, au début cordial à défaut d’être amical, va se transformer en subordination quand cette dernière lui proposera d’être sa maitresse de maison. Une certaine tension va se cristalliser, conditionnée par le racisme ordinaire sous-jacent d’une Elena qui ne voit aucun souci à proposer un poste de domestique à une femme noire qu’elle vient de rencontrer.

Avec la lutte de classe en toile de fond, on suit aussi les enfants de ces deux familles alors qu’ils seront confrontés à leurs propres privilèges. La montée en puissance du récit lui permet d’aborder de nombreux sujets, comme le privilège blanc, le déni de l’homosexualité dans la bourgeoisie ou encore la masculinité toxique. Le script très dense prend le risque de diluer son message dans un trop plein de lignes narratives. Au fil de la saison, on sent une intention d’asséner un message fort, malheureusement aux dépens de toute subtilité, ce qui fait passer la série dans la grandiloquence d’un soap opera, notamment lors des fins d’épisodes. C’est ce manque de finesse dans le discours qui peut rendre l’intrigue manichéenne dans sa confrontation entre riches et pauvres.

Et même si ce sentiment s’accentue sur les derniers épisodes, on reste conquis par Kerry Washington et Reese Witherspoon qui, à travers leur opposition, expriment leur vision de la maternité et de l’éducation de leurs enfants. Little Fires Everywhere est un véritable slow burn qui malgré des maladresses dans l’approche de son sujet, nous offre de vrais moments de tension.

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Published by
Hugo Clery