Hightown se situe sur l’emblématique péninsule américaine de Cape Cod. Jackie Quiñones, une agente du Service National des Pêches Maritimes, qui aime faire la fête, voit sa vie bousculée lorsqu’elle découvre un corps sur la plage – une nouvelle victime de l’épidémie d’opioïdes de Cape Cod. À la suite de cette découverte traumatisante, Jackie fait ses premiers pas vers la sobriété – jusqu’au jour où elle est convaincue que c’est à elle de résoudre le meurtre. La vie de tous ceux qui sont liés à ce meurtre s’effondre et rappelle à quel point nos addictions peuvent être compliquées – et mortelles.
Format : 8×55 minutes (durée totale : 7 heures et 20 minutes)
Si vous avez aimé : Bloodline, The Shield, Euphoria
On comprend dès la lecture du pitch de Hightown que l’ambition de la série est de dépasser le simple thriller pour proposer une réflexion plus profonde sur la situation sanitaire actuelle aux États-Unis. Et ici on ne parle pas de Coronavirus, mais bien de l’épidémie d’opioïdes qui ravage le pays. Lors d’une émission de l’ACS diffusé sur BetaSeries La Radio début mai, le journaliste Florian Etcheverry l’avait bien résumé pour situer le contexte de la série :
Notre entrée dans ce monde va se faire grâce à Jackie, cette agente de la police maritime qui « aime faire la fête ». L’expression se répètera souvent dans Hightown puisque faire la fêter veut ici dire consommer des drogues pour améliorer cette fête. La femme s’adonne donc à des pratiques toxiques comme la prise de stupéfiants et la manipulation de ceux qu’elle aime pour arriver à ces fins. On suit ici une descente aux enfers d’un personnage qui se ment à lui-même quant au caractère autodestructeur de son propre comportement. Elle ne se considère pas comme une addict, mais juste quelqu’un qui « aime s’amuser ». C’est sur cette ligne fine tendue entre les ces deux visions que Jackie va tenter de trouver un équilibre et à ce niveau, Hightown propose un traitement intéressant d’un sujet on ne peut plus actuel. Notamment dans des scènes de groupes de soutien qui permettent d’aborder avec authenticité tous ces mécanismes qui sous-tendent l’addiction.
Le côté enquête aborde lui le sujet sous un angle différent, celui du polar rugueux qui veut montrer l’envers du décor d’une station balnéaire où la fête ramène près de 60 000 personnes chaque année. Jackie ayant retrouvé le corps d’une jeune fille assassiné en lien avec les trafiquants locaux, elle se sentira investie d’une mission, celle de résoudre l’affaire (on pense à « Detective Rue » dans Euphoria). Si toute cette partie s’avère plus classique, l’échiquier mis en place avec toute l’économie locale reste bien amené alors que tous les personnages de la série seront tôt ou tard liés au meurtre du début de la série. On sent une volonté d’aller sur des terrains plus violents, parfois à outrance, comme si Hawaii Five-0 se prenait par moment pour The Shield. Cela passe par des dialogues ampoulés qui surjouent parfois la vulgarité, mais aussi une surprenante recrudescence de scènes de sexe (une à deux par épisode, quand même), qui trahissent un traitement mature un peu trop artificiel. Il n’en reste que l’intrigue tient la route et bénéficie du contexte géographique et sociétal pour apporter une proposition un peu plus originale que la moyenne.
Difficile de se prononcer entièrement avec seulement 4 épisodes visionnés sur les 8 au total, mais Hightown propose suffisamment de choses intéressantes pour mériter qu’on s’y attarde. Même si elle n’est pas exempte d’un certain manque de subtilité (cela reste produit par Jerry Bruckheimer), on s’investit dans cette histoire de polar traversée par la souffrance réelle de millions d’Américains depuis près de 10 ans.
Hightown est en cours de diffusion sur STARZPLAY France (un épisode tous les lundis)