Jack Costello est un vétéran de la Seconde Guerre mondiale et aspire à être comédien et devenir une star alors qu’il n’a aucune expérience. De petits jobs de figurant, il s’efforcera de monter les échelons comme il peut, alors qu’il doit subvenir aux besoins de sa future famille. Il se verra alors obligé de travailler pour Ernie, tenancier d’une station-service qui s’avère être la couverture d’un réseau de proxénétisme (ayant réellement existé) fréquenté par des pontes de l’industrie. Alors qu’il « rencontre » Avis Samberg, la femme du président de Ace Studios, Jack n’aura qu’une idée en tête : décrocher un rôle dans Meg, le projet le plus novateur du studio depuis sa création.
Hollywood est une fable révisionniste qui met en lumière le manque de diversité et la discrimination d’une industrie au début de son âge d’or. Archie Coleman, jeune scénariste afro-américain, veut raconter l’histoire de Peg Entwistle, une jeune actrice qui s’est suicidée en sautant du panneau Hollywoodland à Los Angeles dans les années 30. Au fil des 7 épisodes, nous suivrons toutes les étapes de production du film à travers les destins de jeunes aspirants acteurs qui feront tout pour émerger dans un système impitoyable et franchement toxique. La série n’aura de cesse de brouiller les pistes entre réalité et fiction pour dépeindre l’utopie voulue par Ryan Murphy.
La série se veut l’écho de notre époque, une contemporalité post-metoo qui prend du recul sur elle-même depuis maintenant 3 ans. L’originalité d’Hollywood, c’est donc de réécrire l’âge d’or d’une industrie qui devient alors plus inclusive dès les années 50, en racontant le récit de minorités non plus sous le prisme de la souffrance, mais bien de la réussite. C’est évidemment réjouissant, car racontant les arcanes d’une industrie en plein essor qui fondera à cette époque ce qu’on appellera plus tard le studio system. La mise en scène, la lumière, la musique, tous ces éléments jouent sur nos émotions et nos sentiments sur un passé qui nous semble bien plus vivable que maintenant.
Sauf que d’une intention louable et opportune (et non opportuniste), la série subit les affres d’une écriture balourde. Le côté théâtral la fait régulièrement passer dans le côté soap des films qu’elle dépeint, avec des performances d’acteurs desservies par des dialogues ampoulés qui font le passe-plat des messages voulus par les scénaristes. Le sous-texte devient texte quand les personnages adoptent un lyrisme digne d’un discours aux Oscars.
La série manque cruellement de subtilité dans la résolution de ces enjeux. Résultat, au fur et à mesure des épisodes, on remarque rapidement un manque tension dramatique au sein d’un récit extrêmement prévisible par la naïveté de son évolution. Il y a une paresse dans Hollywood, généreuse dans la rédemption de ses personnages qui semble davantage s’intéresser à des pay-offs scénaristiques satisfaisants plutôt que d’en proposer des amorces convaincantes. C’est d’autant plus dommage qu’encore une fois, transposer les tensions contemporaines au passé permet parfois d’en retirer des enseignements précieux.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. Hollywood aurait pu être être un récit utopique soulignant la complexité d’un système exploitant les espoirs des plus faibles. À travers sa prise de position certes bienvenue, elle devient cependant une vue de l’esprit complaisante qui n’offre pas réellement d’idées nouvelles.
Hollywood est disponible le 1er mai 2020 sur Netflix.