Nous avons eu accès à la série dans le cadre de notre partenariat avec OCS avec une liberté totale dans la rédaction de cet article.
Le thriller financier est un genre éminemment cinématographique. Après Wall Street en 1987 et Le Loup de Wall Street en 2013, on a eu le droit à des films traitant de la crise des subprimes, comme le fantastique Margin Call et le très pop The Big Short de Adam McKay. Mais à la télévision, le genre se fait plus discret avec cependant des productions notables comme Billions, Bad Banks ou encore Succession. La situation est peut-être sur le point de changer avec Devils, la dernière co-production européenne entre Orange Studio, Lux Vide et la chaine Sky Italia.
La série est adaptée de best-seller Diovali de Guido Maria Bera et raconte l’histoire d’un trader d’origine italienne, Massimo Ruggiero, travaillant pour une banque d’investissement américaine basée à Londres. Alors qu’il convoite la position de vice-président, la mort suspecte d’un de ses collègues va poser tous les soupçons sur lui et son ambition dévorante. Il devra compter sur la confiance de son mentor et supérieur, Dominic Morgan (Patrick Dempsey), pour élucider ce complot sur fond de crise économique.
Car Devils se déroule en 2011 alors que le monde se remet à peine de la crise des subprimes de 2008 et que des pays comme la Grèce sont au plus bas de leur santé économique. S’il semblait de prime abord que la série n’allait exploiter ces thématiques qu’en surface au profit du thriller, ce n’est pas le cas : elle aborde frontalement l’impact du trading des banques d’investissements dans l’équilibre économique mondial. Chaque épisode se focalise, au travers des flashbacks, sur un pan de cette crise au long court, comme la récession de la Grèce ou bien le scandale des PIGS, cet acronyme utilisé en 2008 par les médias anglo-saxons pour désigner des pays à la faible santé financière.
Tout comme son nom l’indique, Devils est donc une série qui diabolise les requins de la finance et de la bourse, avec une intrigue principale construite sur un complot international. Cela passe notamment par Subterranea, les lanceurs d’alertes fictifs de la série se posant en successeurs de Wikileaks en voulant dénoncer les actes répréhensibles des banques et de la finance.
La mise en scène fait la part belle aux effets de style avec un montage extrêmement nerveux et l’usage de flashbacks à outrance pour appuyer la psychologie de ses personnages. On regrette cette recherche du sensationnel dans la réalisation, avec une complaisance à l’américaine parfois un peu excessive. Car au-delà de ça, il y a une vraie intention de traiter des impacts moraux d’un tel pouvoir, celui qu’offre la mondialisation des marchés financiers. Comme une sorte d’effet papillon, un simple bouton peut avoir des conséquences humaines désastreuses à l’autre bout du monde.
La relative complexité technique de la série rencontre des enjeux moraux qui ne semblent pas affecter tous les personnages de la même manière. Ce mode de vie exubérant a-t-il réduit la moindre once de moralité chez ces banquiers ? Ou cette sombre histoire de suicide les mettra-t-elle sur le chemin de la rédemption ? En ça, le personnage de Patrick Dempsey est constamment sur la brèche, prenant sous son aile Massimo en mettant tout en oeuvre pour le protéger sans abattre pleinement ses cartes.
En s’inspirant de faits et personnes réels, à travers des images d’archives et de journaux télévisés, Devils veut donc insuffler de la crédibilité à son récit tout en proposant un thriller haletant à travers une intrigue à suspense plutôt prenante, et bien incarnée, qui saura combler votre manque de série financière sur le petit écran.
Devils est diffusée tous les samedis sur OCS Max (2 épisodes par soir).