On ne s’attendait pas ça : la nouvelle série de science-fiction d’Amazon est un petit bijou empli de poésie et d’émotions. C’est la première série à s’inspirer de peintures numériques, celles de Simon Stålenhag qui avait fait grand bruit en 2013 en représentant une campagne suédoise peuplée de machines cyclopéennes.
Tales From The Loop raconte l’histoire d’une petite ville de l’Ohio au-dessous de laquelle est construite une base de recherche nommée The Loop, censée élucider les plus grands mystères de l’univers. L’existence de cette énorme machine va provoquer des phénomènes hors du commun à la surface et bouleverser la vie des habitants.
La série nous propose un mode de narration chorale dans laquelle chaque épisode se focalise sur un personnage et une histoire distincte qui a cependant son incidence sur le reste. Un personnage que vous croiserez en arrière-plan pourra ainsi avoir son épisode dédié et chaque ligne narrative s’entrecroise pour former un tout cohérent. Tales From The Loop embrasse donc parfaitement le format sériel pour explorer épisode après épisode des concepts puissant.
Ce mode de narration est couplé à une approche centrée sur le personnage (character driven) et non une quelconque intrigue. Tales From The Loop se délaisse de toute technicité pour se focaliser sur l’émotion. Ce qui nous donne un bel objet d’analyse où chaque détail peut être une allégorie de la psychologie des personnages et de leur capacité à évoluer. Et on peut dire que la série est une réussite sur ce tableau avec une collection de fables touchantes dans lesquelles le fantastique et la SF s’insinuent dans l’intimité.
En ça, elle se rapproche grandement de The Leftovers, qui n’avait aucunenement intention de donner des réponses, mais bien d’explorer les conséquences d’évènements extraordinaires sur ses personnages. C’est par sa musique que la série d’Amazon nous rappelle cette derrière, tant la partition de Philip Glass joue sur la même fibre nostalgique que la série de Damon Lindelof.
C’est avec poésie qu’elle explore les thématiques du deuil, de l’amour impossible ou de la maladie sous le prisme de concepts scientifiques parfois vertigineux. Tous les épisodes sont écrits par Nathaniel Halpern, scénariste de la fantastique Legion, qui propose ici une vision singulière de la science-fiction. À la réalisation, on retrouve des pointures comme Mark Romanek (Never Let Me Go), Andrew Stanton (Wall-E, Nemo) ou encore l’actrice Jodie Foster, qu’on a vue dernièrement derrière la caméra sur l’épisode Arkangel de Black Mirror. La série propose une esthétique à l’image de son écriture, sans aucune fioriture, favorisant la contemplation au spectacle.
Vous l’aurez compris, Tales From The Loop est une réussite, explorant des thématiques universelles sur fond de science-fiction mystique. Une belle surprise pleine d’émotion qu’on a déjà envie de revoir.