ZeroZeroZero est la nouvelle série tirée d’une enquête de Roberto Saviano, l’auteur de Gomorra, qui a donné deux adaptations à succès, au cinéma et en série. Cette fois, c’est son enquête « Extra Pure, Voyage dans l’économie de la cocaïne » qui est transposée à l’écran. Du Mexique à l’Italie en passant par les États unis, c’est une série ambitieuse qui veut dépeindre la mondialisation sous le prisme du narcotrafic le plus lucratif du monde.
ZeroZeroZero bénéficie de son matériau de base : l’enquête extrêmement fouillée de Roberto Saviano sur le trafic de cocaïne à travers le monde. Rien n’a été inventé pour cette série qui prend ainsi un parti pris hyperréaliste, tout en restant par moment spectaculaire. Les créateurs se sont déplacés sur tous les lieux de l’histoire afin d’adopter une approche d’écriture quasi journalistique. Comme son auteur, ZeroZeroZero ne s’intéresse pas à la drogue et à sa consommation (vous n’en verrez pas à l’écran), mais bien aux ramifications de son trafic dans le monde entier.
La série jongle entre trois lignes narratives : les vendeurs (au Mexique), les intermédiaires (aux États-Unis) et les acheteurs (en Italie). Bien qu’il est souvent délicat de proposer une telle multiplication dans un récit, il faut dire que ZeroZeroZero s’en sort vraiment bien : elle raconte trois histoires distinctes, mais liées par la livraison d’une cargaison de plusieurs tonnes. On nous présente ainsi toutes les conséquences du trafic, qu’elles soient politiques ou intimes.
Car derrière le trafic de cocaïne, on trouve des hommes et des femmes qui ont chacun leurs raisons de s’investir dans cette entreprise. Dans ZeroZeroZero, la famille reste un élément important. L’histoire des frères et soeurs Lynwood, Emma (Andrea Riseborough) et Chris (Dan DeHaan) est extrêmement touchante et dépasse les thématiques principales de la série pour toucher à des sujets universels comme l’héritage et la fraternité dans l’épreuve. En Italie, on retrouve la famille des La Pania, avec le parrain Don Miu qui luttera pour conserver son empire convoité par son petit fils Stefano. La série propose donc une intrigue multifacettes qui raconte les rapports de force les plus personnels.
Tout comme sa cargaison traversant pas moins de 3 continents, la série nous fait voyager : entre la jungle urbaine menaçante de Monterrey au Mexique au désert de Dakar, en passant par les reliefs bruts de la campagne calabraise en Italie, ZeroZeroZero propose une variété de décors impressionnante. C’est ici la qualité intrinsèque d’une histoire qui veut montrer à quel point le trafic de cocaïne impacte les moindres recoins du globe.
ZeroZeroZero nous le confirme : les Italiens sont des faiseurs d’image. Paolo Carnera, directeur photo de la série Gomorra, mais aussi du très bon Suburra propose ici une image extrêmement léchée, sublimant des décors naturels avec une photographie sans fioriture. On salue notamment cette scène de poursuite de nuit sur les toits de Monterrey au Mexique, pendant laquelle les lumières de la ville dessinent les silhouettes de la plus belle des manières. Un vrai régal visuel.
Crédits photos : © 2018 – 2019 Cattleya Srl – Bartlebyfilm Srl
ZeroZeroZero est diffusé sur Canal+ tous les lundis soir et disponible en intégralité sur myCANAL.