Dire que nous attendions Devs de Alex Garland est un euphémisme : elle est l’une de nos séries les plus attendues de 2020 et il est l’un des showrunners à suivre cette année. Avec cette attente vient le risque d’être forcément déçu, mais il faut dire qu’elle a de sérieux arguments.
On suit donc un couple qui vit à San Francisco, travaillant tous les deux pour une entreprise ultra-high tech dirigée par un leader charismatique (Nick Offerman de Parks & Recreation). Sergei, développeur pour la division intelligence artificielle, reçoit une promotion pour travailler dans la division ultra secrète Devs. Tellement secrète que personne ne sait ce qui s’y trame. Mais quand Sergei vient à disparaitre, sa petite amie Lily (Sonoya Mizuno, révélée dans Ex Machina) enquêtera sur les circonstances pour le moins étranges de sa disparition.
Dès les premières secondes, Devs distille une ambiance nébuleuse, avec un pré-générique qui fera la part belle aux images de San Francisco accompagnées d’une musique envoutante. On peut le dire tout de suite : la série brille par sa photographie et sa direction artistique. Elle a beau se situer dans un décor ultramoderne où la technologie est omniprésente, l’image est tout sauf numérique, faisant la part belle à la lumière naturelle avec un grain argentique qui nous rappelle Maniac, une autre série avec Sonoya Mizuno sur Netflix.
Comme dans Ex Machina, Garland aime mettre en parallèle une esthétique brutaliste avec la nature vierge d’une forêt, on sort ainsi du côté volontairement froid d’un Mr. Robot pour un résultat plus contrasté.
Cette esthétique sert évidemment la fascination qu’ont les personnages de Devs pour la technologie, érigeant La Machine en monolithe dont on ne connait pas encore les capacités. Nick Offerman n’est jamais dans la surenchère du gourou volontairement mystérieux, malgré quelques monologues philosophiquement bien chargés. Il devient très vite un personnage insondable, car montrant dans une même scène différents extrêmes de sa personnalité, tel un Qubit, pouvant être simultanément 0 et 1 dans l’informatique quantique.
À la vision de ces premiers épisodes, Devs dépasse le cadre du simple techno-thriller pour passer dans la science-fiction ésotérique. Comme si Ex Machina rejoignait le côté quasi mystique d’Annihilation, autre film de Alex Garland (qu’on vous conseille grandement). Et même si la série surjoue peut-être un peu trop sa dimension cryptique, elle devient aussi pour le téléspectateur un objet de fascination, visuel et philosophique. On aimerait maintenant voir Devs tenir ses promesses, car l’ambition est de taille.
Devs est diffusé à l’heure US sur Canal+ Séries à partir du 6 mars, les vendredis à 23h00. Disponible aussi sur myCanal.