La série Amazon évènement de ce début d’année est aussi la première série avec Al Pacino. L’acteur, qu’on a vu récemment dans The Irishman sur Netflix, dirige une équipe de chasseurs de nazis dans le New York des années 70. Oui car visiblement, beaucoup se sont exportés d’Europe pour s’infiltrer dans de multiples strates de la société américaine et il va donc falloir les déterrer à la manière forte.
Hunters embrasse le parti pris de la coolitude, celle des années 70, des comic books, de la sortie de Star Wars au ciné et des cigarettes qui font rigoler. Mais aussi celle du tragique avec de nombreux flashbacks mettant en scène les horreurs se déroulant dans les camps de concentration. C’est ce principe directeur qui traversera toute la saison et qui nous permettra d’explorer les motivations des différents personnages.
Si l’affiche dans le pur style de Inglourious Basterds ne vous a pas mis la puce à l’oreille, les personnages de Hunters semblent tout droit sortis d’un Tarantino. Des archétypes volontairement grossiers (l’acteur, la nonne, le vétéran du Vietnam) qui ont chacun leur origin story et donc leur raison de se joindre à la Chasse. Cependant, toute cette équipe peine à convaincre et n’arrive pas à dépasser les clichés de leur écriture. Et même si c’est un plaisir de voir Al Pacino en leader charismatique, on a vraiment du mal à s’attacher au reste du casting pour cette raisons.
Le récit assume complètement son côté pop décomplexé, mais malheureusement David Weil et son équipe de scénaristes et réalisateurs en font des caisses. La faute à une mise en scène qui fait souvent dans la complaisance, renforcée par les poncifs de sa bande originale qui fait la part belle aux classiques de cette époque.
Il faut toucher ici au gros problème de la série : son traitement de la tragédie. Celle des horreurs de la Shoah tout d’abord. Des flashbacks, déjà polémiques, faisant dans un sensationnalisme vraiment regrettable. C’est ce cruel manque de retenue qui nous fait regretter leur omniprésence. Chaque personnage aura le droit à son flashback et le procédé montrera très vite ses limites au fur et à mesure de la saison. Surtout au vu de la longueur des épisodes (parfois plus d’une heure), boursouflés par des storylines superflues qui freinent grandement le rythme.
Globalement la série fait régulièrement dans le pathos alors qu’elle pourrait traiter son aspect tragique avec plus de subtilités. Surtout quand ces scènes sont entrecoupées de sketchs parodiques décorrélés du récit, censés apporter de la légèreté à l’ensemble. Mais malheureusement, Hunters force ici sa propre coolitude et s’éparpille dans des effets de styles vraiment regrettables.
Après un début très encourageant, on déchante vite devant Hunters qui se perd dans sa propre ambition. Celle de raconter une multitude d’histoires interconnectées sur des tons parfois diamétralement opposés. Malheureusement la sauce ne prend pas et on espère que David Weil saura nous convaincre sur les 4 prochaines saisons qu’il a apparemment en stock.
Note : ★★☆☆☆
La première saison de Hunters est disponible dans son intégralité sur Amazon Prime Video.